e sont des « innovations significatives » que le consortium de l'appellation Garda a souhaité autoriser à travers une procédure nationale impliquant le Consorzio Garda D.O.C. et les régions de Vénétie et Lombardie. Entrant en vigueur pour la campagne viticole 2025/2026, le nouveau dispositif – validé par un décret publié en octobre – positionne l’appellation clairement dans l’air du temps. Entre cépages autochtones « incarnant l’authenticité, l’identité et une appartenance forte au terroir », abaissement du titre alcoométrique minimum de certains vins, mentions variétales et mise en avant de vins gris, les modifications sont pour le moins ambitieuses. « Cette révision du cahier des charges représente une évolution stratégique de notre appellation et de ses producteurs », confirme Paolo Fiorini, président du consortium de la DOC Garda, qui représente 250 producteurs sur un vignoble de 31 100 ha. « Elle résulte d’un dialogue constructif avec le ministère et les professionnels dans l’objectif de répondre de manière concrète aux nouvelles attentes du marché et des consommateurs, de plus en plus attentifs à des vins typés, polyvalents et contemporains ».
Surfer sur les nouvelles vagues de consommationParmi les innovations les plus marquantes figure la possibilité de commercialiser des vins blancs à base du cépage garganega (souvent assemblé avec du chardonnay ou du pinot grigio) avec une teneur en alcool de 9 %. Garda devient ainsi la première DOC à valider le concept de vin tranquille allégé en alcool, même si d’autres DOC comme Venezie, Prosecco ou encore Orvieto envisagent d’en faire de même. Le nouveau cahier des charges introduit également d’autres profils de vins : des versions tranquilles, effervescentes et pétillantes du Garda müller-thurgau, et la désignation Garda Rebo (un croisement entre le merlot et le teroldego) en vin tranquille. Pour les bulles, les cépages garganega et chardonnay peuvent désormais être indiqués et la mention ‘Corvina’ pour des effervescents et pétillants rosés fait son entrée dans le cahier des charges. De même, des références à la couleur rosée ou ses synonymes (Blush, Ramato) sont autorisées pour le pinot grigio, « mettant en valeur l’un des cépages les plus emblématiques du nord de l’Italie », et visant à répondre à la demande actuelle en faveur de « vins de caractère frais et élégants ».
Du Prosecco au CrémantMais sans doute l’une des nouveautés les plus marquantes de cette refonte des règles porte sur l’introduction de la mention "crémant" pour les effervescents issus de la région. Destinée à « aligner davantage la production de Garda sur les exigences de qualité internationales et les traditions européennes les plus prestigieuses en matière de vins effervescents », la mention porte désormais sur des blancs et des rosés effervescents sous la DOC Garda. Conformément à la réglementation européenne en la matière, les raisins doivent être récoltés manuellement, les vins doivent être élaborés selon la méthode traditionnelle et une période de vieillissement sur lattes de neuf mois au minimum est imposée. Malgré cet alignement sur la réglementation européenne, certains critères soulèvent des interrogations : l’Italie fixe un rendement maximum de 70 %, alors qu’au niveau européen la quantité de moûts obtenue ne doit pas excéder 100 litres pour 150 kilos de raisins, soit environ 66 %. Mais selon Stefano Campana, responsable marketing de la DOC Garda, la production moyenne enregistrée avoisine plutôt 65 %.
L’étendue de la zone de production interpelle également. En effet, la zone d’élaboration (y compris la prise de mousse) comprend l’ensemble du territoire administratif des régions de Lombardie, Vénétie et des régions limitrophes, indique le décret. « La DOC Garda fait partie des plus grandes désignations italiennes », souligne Stefano Campana. « Elle couvre certaines parties des provinces de Vérone et de Mantoue, de même que la province de Brescia, le long des rives du Lac de Garde ». Néanmoins, insiste-t-il : « Comparée à des régions telles que Bordeaux ou la Bourgogne, elle est plus petite ».
Une mention et non une appellationL’instauration de la nouvelle mention n’a pas manqué d’attirer justement l’attention de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de Crémant, qui représente sept sur les huit appellations françaises. « Chaque pays européen qui produit des vins peut revendiquer une appellation crémant », rappelle son animateur Edouard Cassanet. « C'est pour cela d'ailleurs qu'il y a un Crémant du Luxembourg et un Crémant de Wallonie, qui respectent parfaitement les règles du règlement européen ». Ce qui pose problème dans le cas italien, « c’est qu’ils utilisent le terme crémant comme une mention, ce qui ne correspond pas à tout à fait à la définition du règlement européen. Normalement il faut que ce soit une appellation en tant que telle. Or, en l’occurrence, crémant figure en-dessous de Garda. C'est discutable et on a des discussions avec les Luxembourgeois à ce propos. Il faut qu’on soit attentifs ». Et de conclure, « J'avoue qu'on est quand même surpris mais, dans un sens, c'est la rançon du succès ».



