000 manifestants selon les chiffres définitifs de la préfecture, contre 7000 annoncés par le président du syndicat des vignerons de l’Aude (SVA) Damien Onorre à l’issue de son allocution à la tribune, se sont massés ce 15 novembre dans les rues de Béziers pour rappeler au gouvernement et à la ministre de l’agriculture Annie Genevard les revendications d’une filière en souffrance. Au son de pétards, de bombes agricoles et d’invectives de la foule à l’encontre des gouvernants, les représentants de la filière se sont d’abord succédés à la tribune, dressé devant le théâtre de Béziers, en haut des allées Pierre-Paul Riquet, pour rappeler les multiples revendications portées par un peuple vigneron à bout de souffle.
L’impérieuse nécessité d’un prix rémunérateur, du besoin d’arrachage définitif et temporaire, d’un accompagnement financier d’urgence et de la simplification des moyens de production et de commercialisation sont les 4 piliers revendicatifs soulevés tour à tour à la tribune par Romain Angelras, représentant des Jeunes Agriculteurs d’Occitanie et président des JA du Gard, Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA et président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault, puis Damien Onorre, président du syndicat des Vignerons de l’Aude. Face à eux, des viticulteurs venus essentiellement de l’Hérault, du Gard et de l’Aude, ainsi que des groupes des Pyrénées-Orientales, du Vaucluse, d’Ardèche, et des représentants identifiables du Tarn-et-Garonne, du Gers et même de Gironde.
Une alerte rouge
« Ce n’est pas une crise passagère, mais une alerte rouge, tout un territoire qui est au bord du gouffre », alerte ainsi à la tribune Damien Onorre avant de lancer la procession dans les rues de Béziers. Avant lui, Jérôme Despey en a presque perdu sa voix en demandant « le déblocage immédiat de 200 millions €, a minima, de la réserve de crise européenne pour sortir la viticulture de l’impasse ». Listant « les charges qui explosent, les contraintes qui s’alourdissent, les trésoreries à sec, les caves pleines, un marché atone, des prix qui ne permettent plus de vivre alors que la récolte est au plus bas », Damien Onorre souligne une crise « pas seulement agricole, mais aussi territoriale, humaine et culturelle ».
OB
Fustigeant la vision écologique des décideurs urbains « qui ne savent pas ce qu’est le travail dans nos campagnes », les orateurs défendent que « l’écologie c’est nous qui la faisons ! », lance Romain Angelras. « Nous voulons travailler avec la société, pas contre elle, à condition qu’on nous respecte avec des attentes réalistes car nous ne demandons aucun privilège », renchérit Damien Onorre.
Alors qu’il relève « la vente de bouteilles de vins au prix d’un café », Romain Angelras appuie que « quand on ne vit plus de son métier mais qu’on ne fait que survivre, la passion ne suffit plus !». Alors Damien Onorre lui emboîte le pas en rappelant que « la France ne doit pas voir ses vignerons comme un problème mais comme une fierté nationale », pour assouplir la loi Evin. Jérôme Despey dénonce de son côté les « abrutis qui font entrave au stockage de l’eau », et n’en appelle pas à moins que « la suppression de l’Anses puisqu’on nous parle d’économies, la seule agence qui agit en toute impunité sans rendre de comptes à personne ». Attendue dans un peu plus d’une semaine à Montpellier pour l’ouverture du salon Sitevi à Montpellier (du 25 au 27 novembre), la ministre de l’Agriculture Annie Genevard est attendue avec des réponses concrètes aux revendications adressées ce jour par cette manifestation, qui s’est déroulée de manière totalement calme avant sa dissolution.




