our les primeurs, c'est une bonne surprise : « Tout le monde s'attendait à un marché en berne mais on fait mieux que ce qu'on pensait, partage Jean-Pierre Rivière, président de la section Beaujolais de l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG). En beaujolais villages, il devrait s'écouler autant de nouveaux que l'an dernier, voire un peu plus. En beaujolais, légèrement moins. Les cours sont reconduits à quelques euros près. » Revers de la médaille : la récolte 2025 historiquement faible laisse très peu de vins de garde pour ces deux appellations. « Le rendement moyen est à 28 hl/ha en beaujolais villages comme dans les crus, et 32 hl/ha en beaujolais, reprend le vigneron. Certains domaines n'ont même pas rempli leur quota de primeurs. »
Pour les beaujolais villages de garde, les volumes 2025 sont déjà quasiment tous réservés. « La récolte 2025 ne suffit pas à approvisionner nos marchés habituels, abonde le président de la section Beaujolais villages David Ratignier. Mais il reste environ 15 000 hl du 2024 en stock à la propriété et un peu de 2023. Ces volumes sont théoriquement nécessaires pour couvrir les besoins. On voit que quelques acheteurs recommencent à s'intéresser à ces anciens millésimes. En beaujolais par contre, les stocks ne seront pas tous utilisés. »
Le beaujolais aurait déjà dû manquer de vin
Pourtant, la récolte 2024 avait été modeste et le beaujolais aurait déjà dû manquer de vin l'an dernier. Mais le marché s'est effondré, là comme ailleurs. « L'engouement pour le millésime 2024 a été globalement faible, observe le courtier Olivier Richard. En beaujolais, on a eu des vins bons, très ronds, riches, mais on a pâti de la mauvaise image du millésime 2024 dans d'autres régions. » Les deux présidents de l'ODG Beaujolais-Beaujolais villages y voient aussi un peu de mauvaise foi. « Quand le négoce a besoin de vin, le millésime est bon, et quand il en a assez, il n'est pas bon, raille David Ratignier. 2024 n'est pas moins intéressant que 2021 qui a donné des vins légers, sur le fruit...et s'est très bien écoulé car on manquait de volumes ! On ne peut pas vendre que des millésimes exceptionnels. Les années moins solaires peuvent donner des vins très intéressants à condition de les travailler. J'appelle les acheteurs du négoce à faire un travail d'élevage des vins. »
Difficile de savoir dans quelle mesure le négoce se reportera sur d'anciens millésimes pour combler le déficit de 2025. « Ni surtout à quel prix, s'inquiète Jean-Pierre Rivière. Il y a hélas des vignerons qui jettent l'éponge et voudront vider leur cave, même à bas prix. En ce moment la Chambre d'agriculture reçoit plusieurs appels par semaine de viticulteurs qui veulent arrêter. » Les trésoreries sont souvent dans une situation critique : le millésime 2024 a coûté cher à produire et s'est mal vendu, et le 2025 n'a pas rempli les caves. « Et les exploitations qui ont beaucoup investi il y a trois-quatre ans, lors des bonnes années, sont en plein remboursement d'emprunts », soupire David Ratignier. Mais on va rester optimistes : on va avoir un bon moment avec la sortie des vins nouveaux : beaucoup de gens sont annoncés lors des portes ouvertes. »




