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Taille des racines, réglage de la planteuse, fissuration du sol... "La réussite d'un plantier se joue sur des détails"
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Plantation
Taille des racines, réglage de la planteuse, fissuration du sol... "La réussite d'un plantier se joue sur des détails"

Entre fosses ouvertes et essais de matériel, une demi-journée technique a montré que la réussite d’un plantier se joue dans les dix premiers centimètres du sol.
Par Sarah El Makhzoumi Le 13 novembre 2025
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Taille des racines, réglage de la planteuse, fissuration du sol...
Florent Banctel, conseiller viticole à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire montre aux participants ce qu'on peut observer pour la modalité dans laquelle les racines ont été coupées à 2 cm - crédit photo : Sarah El Makhzoumi
I

l faisait beau cet après-midi-là au lycée viticole Briacé, au Landreau (44). De quoi illuminer la demi-journée technique organisée sur le domaine du lycée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Deux ateliers étaient au programme : le premier consacré à la préparation du sol avant la plantation et à la plantation, le second au désherbage mécanique des plantiers. Deux facettes d’une même réalité : sans un sol bien préparé ni soins réguliers, les jeunes plants ne peuvent pas partir du bon pied.

En bordure de vigne, un petit groupe s’est formé : vignerons, conseillers, techniciens, enseignants et étudiants, tous venus observer ce qui détermine la réussite d’un plantier.

"Le taux de reprise des plants est un grand sujet"

Guillaume Careil, président des Pépiniéristes viticoles du Val de Loire, ouvre la rencontre. « Le taux de reprise des plants est un grand sujet », rappelle-t-il. « Quand ça ne prend pas, c’est rarement dû au hasard. S’il ne vient pas du lot de plants lui-même, le problème vient souvent du sol, de la concurrence de l’enherbement ou de la couverture contre le mildiou, souvent oubliée entre les vendanges et à la fin de l’aoûtement. »

Il est temps de se diriger vers le premier atelier. Florent Banctel, conseiller viticole à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, nous emmène devant une fosse pédologique creusée dans une parcelle de voltis, plantée au printemps dernier sur un sol de limons sableux après l’arrachage d’une vigne l’année précédente. Les plants, encore jeunes, ont eu le temps de lancer leurs premières racines. Le profil est net, les horizons bien visibles. Mais, en se penchant, on comprend immédiatement que quelque chose cloche.

Attention au réglage du coutre de la planteuse

« Ici, on peut observer que le coutre de la planteuse était mal réglé, explique Florent Banctel, truelle en main. Il est passé à moins de dix centimètres sous les racines, dans un horizon qui était très compacté. Résultat : le sillon n’a pas été assez ouvert. Les racines se sont posées couchées, sans s’enfoncer, puis elles ont poussé légèrement vers le bas jusqu’à rencontrer la semelle de labour, à environ vingt-cinq centimètres. Là, elles sont parties à l’horizontale. Regardez : elles dessinent cette forme caractéristique en “queue de cheval”. »

Le profil raconte tout : les jeunes racines formant une masse dense juste au-dessus de la zone tassée. « Avec un coutre réglé à plus de dix centimètres sous les racines, le sillon aurait été mieux ouvert, poursuit le conseiller. Les racines auraient plongé pour chercher l’humidité plus profondément. Les plants auraient gagné en ancrage. Là, ils vont rester dans la couche superficielle, exposés au stress hydrique. »

Autour de la fosse, les visiteurs hochent la tête. L’enseignement est clair : le bon réglage de la planteuse conditionne tout le reste.

Sur une parcelle voisine où quelques féveroles lèvent timidement, quatre autres fosses ont été creusées. Ici, il ne s’agit pas d’un plantier à proprement parler, mais d’une parcelle de démonstration. On y a réalisé deux préparations distinctes du sol puis planté quelques plants, avec différents réglages de la planteuse, juste assez pour observer les conséquences de ces réglages sur l’enracinement.

Quatre cas de figure

« En tout, on a comparé quatre cas de figure, détaille Florent Banctel. C’est la meilleure manière de comprendre ce qui se passe sous terre. » Dans trois de ces cas, les plants avaient des racines longues de huit à neuf centimètres. Dans le quatrième, elles sont coupées à deux centimètres.

Puis il s’accroupit devant la première fosse. « Ici, nous avons fait une préparation de printemps classique du sol à la plantation : labour, rotovator et plusieurs griffages de surface. Ensuite, lors de la plantation, le coutre a été placé trop haut, à moins de cinq centimètres sous les racines. Regardez le résultat : les racines sont recourbées dès la base, bloquées contre la zone tassée que le coutre n’a pas fissurée. Ce profil ressemble à celui que nous avons croisé sur la plantation de voltis. »

Un pas plus loin, dans la deuxième fosse, la situation s’améliore. « Même préparation du sol, mais cette fois, le coutre a été bien réglé à dix centimètres sous les racines. On voit que ces dernières plongent davantage, poursuit le conseiller. Elles descendent de toute leur longueur, mais finissent par s’arrêter net au niveau d’une semelle de labour. C’est mieux, mais encore limité : les racines ne peuvent pas entièrement explorer le sol. »

"La fissuration aide à la reprise"

La troisième fosse illustre la combinaison « idéale » : travail de printemps suivi d’une fissuration du sol avec un outil à dents droites, puis plantation avec un coutre réglé à dix centimètres sous les racines. « Ici, les racines plongent franchement. Elles colonisent la zone fissurée. Les radicelles pourront suivre les microfissures créées par le passage de l’outil », sourit Florent Banctel.

Il gratte la terre du bout des doigts : « C’est un sol vivant, bien structuré. Quand on dit que la fissuration aide à la reprise, ce n’est pas un mythe. Passer un fissurateur au GPS juste devant la planteuse, de telle sorte que ses dents précèdent exactement le passage des coutres de la planteuse pourrait améliorer bien des plantations. »

Exit les racines courtes

Pour la dernière fosse, « c’est le même scénario que pour la précédente modalité, mais cette fois, les racines ont été coupées très court, à moins de deux centimètres, explique Florent Banctel. Beaucoup de viticulteurs taillent encore trop ras avant plantation. Certes, les racines sont alors bien positionnées dans le sillon, mais comme elles sont courtes, elles ne constituent que peu de réserve. En cas de plantation tardive, fin mai ou juin, dans un contexte sec, ce serait un vrai handicap. Les plants souffriraient au premier stress hydrique. Dans les zones concernées par les fortes sécheresses, planter tard et avec des racines courtes, c’est se tirer une balle dans le pied. »

Ces explications terminées, il se redresse et balaie les fosses du regard : « Ce qu’on voit ici, c’est que la réussite d’un plantier se joue sur des détails : dix centimètres de profondeur de coutre, quelques centimètres de racine, un passage de fissurateur ou non… Tout ça est invisible en surface, mais décisif pour la suite. »

Ne pas négliger l'entretien

Le second atelier porte, lui, sur l’entretien des plantiers. Retour dans la jeune vigne de voltis où trois enjambeurs et un robot équipé d’interceps se préparent à entrer en piste pour une démonstration de nettoyage des rangs. Un Bakus de Vitibot, avec ses disques Vitalex de Souslikoff, est le premier à se lancer, suivi par l’Alpo de Sabi Agri équipé de Valmatic de Boisselet. L’Optimum 40 de Pellenc, agréablement silencieux pour un thermique, pourvu de disques crénelés Braun, part à son tour. Pour tous trois, la démonstration se déroule sans accrocs : les rangs ressortent propres. Un vieux Bobard et sa décavaillonneuse semblent attendre son tour.

Après avoir fait son tour avec l’enjambeur électrique Alpo, Hugo Durand, chef de culture du lycée, glisse quelques explications. « Ici, on a vingt hectares de vignes en bio. On travaille tous les sols, explique-t-il. Nous venons de recevoir l’Alpo équipé des nouveaux interceps électriques Evolt de Boisselet sur lesquels nous avons fixé des disques de la même marque. Cette parcelle de 60 ares nous sert à tester les nouveaux matériels. »

Montrant son enjambeur, il ajoute : « Il est tout électrique. Quitte à passer à l’électrique, autant y aller jusqu’au bout. On gagne en confort, en précision, et nos passages se font sans bruit ni gaz. Sur cette parcelle, on a passé les dents dans l’interrang juste après la plantation, puis trois fois avec des rasettes à plantes à dix-quinze centimètres du pied, et une fois avec les lames interceps Cutmatic placées sur ces Evolt. »

Lors de ce passage avec les lames, le palissage n’était pas encore posé. Les tuteurs n’étaient donc pas accrochés au fil porteur, mais seulement plantés en terre. Malgré ça, « il n’y a eu que cinq ou six accrocs, pas plus, et encore les tuteurs étaient mal enfoncés. On a réglé la sensibilité à l’effacement sur l’Evolt au maximum, avec des ressorts bien ajustés. On a travaillé à deux-trois centimètres de profondeur, juste de quoi casser les racines des adventices, et on a ensuite peaufiné à la main ».

Quand on lui demande si le désherbage des plantiers non palissés n’est pas trop fatigant, il répond : « L’autoguidage, ce serait la suite logique. Maintenant qu’on s’est habitué à l’électrique, on pourrait combiner les deux. On ferait alors des journées plus longues, plus efficaces, avec moins de fatigue. »

L'autoguidage pour désherber

Et justement, un peu plus loin, un vieux Bobard de 1978 attire les regards. À son bord, Florent Gauthier, vigneron à Saint-Hilaire-de-Clisson, teste l’AgOpenGPS, un système de guidage libre en open source. Sur l’arceau de son engin, il a fixé une antenne RTK, sur le volant, un moteur électrique, et sur le tableau de bord, une tablette qui calcule et montre la trajectoire.

L’ensemble, monté par ses soins, lui a coûté environ 1 500 €. « La seule condition pour monter un autoguidage sur un tracteur, c’est qu’il ait une direction assistée. Or, même le mien, qui n’est pas de toute première jeunesse vous en conviendrez, en a une », plaisante-t-il. Bonne nouvelle donc : même les enjambeurs les plus anciens peuvent bénéficier de cette technologie des plus modernes. Lors de l’essai, Florent Gauthier se lance dans un aller-retour sans tenir son volant, mais perd le signal GPS en milieu de rang sur le retour et doit reprendre les rênes. « Rien de dramatique, mais ça montre qu’il faut une réception stable pour que ça marche », commente-t-il, espérant pouvoir exploiter tout le potentiel de sa machine rétrofitée la saison prochaine. Car, guidé par le GPS, l’enjambeur a filé droit, désherbant le rang avec précision, sans accrocher un seul plant.

« Fissurer, ce n’est pas décompacter ! »

Florent Banctel, conseiller viticole à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire insiste « On confond souvent fissuration et décompaction, pourtant ce n’est pas la même chose. La décompaction agit en profondeur pour soulever et briser les zones tassées. Mal conduite, elle peut générer des zones creuses, bouleverser les horizons et casser la structure du sol. La fissuration, elle, est un travail préventif, plus doux. On cherche à rouvrir la porosité, à laisser circuler l’eau, l’air et les racines sans tout retourner. Les fissurateurs à dents Michel courbes et montées sur un châssis rigide, combinées à un rouleau cage, créent une fissuration large et progressive. Les fissurateurs à dents droites, eux, produisent une fissuration en “V”, très efficace pour aérer, améliorer l’infiltration et relancer la vie biologique du sol. »

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