Notre solution est une vraie chance pour les vignerons dans le contexte réglementaire actuel autour du cuivre ». Jean-Marc Petat, administrateur d’Amoéba, ne cache pas les ambitions de cette "green tech" française pour Axpera, un produit de biocontrôle présenté fin octobre en conférence de presse. « Amoéba est spécialisée dans les solutions microbiologiques à base d’amibes. Nous sommes les seuls dans le monde sur ce segment », souligne Jean-François Doucet, directeur général de l’entreprise.
« Notre produit est un éliciteur, il stimule des gènes de défense, et il est aussi un fongicide, en inhibant la libération ou la germination de spores pathogènes, tels que ceux du mildiou. Nous avons constaté son efficacité sur des souches résistantes à plusieurs familles chimiques », explique Jean-Luc Souche, consultant développement pour Amoéba.
Actuellement nommé Axpera, le produit à base d’amibes lysées a fait l’objet d’une centaine d’essais en vigne depuis 2019, notamment avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et la chambre d’agriculture de Gironde (CA33), signale Annabelle Gilgen, responsable développement technique d’Amoéba. Cette année, Axpera a notamment été testé dans le Médoc au château Léoville Barton, « sur une parcelle très sensible au mildiou et cultivée en bio. Dès début juin, le témoin non traité était raclé. J’ai appliqué le produit à chaque traitement avec du cuivre à 50% de la dose maximale et je suis totalement satisfait », relate François Bréhant, directeur technique du château. Selon Amoéba, la modalité Axpera n’a présenté que 10 à 15 % de mildiou en fréquence. « Dans le Beaujolais, notre produit a été appliqué à 1,25 l/ha avec un hydroxyde et ponctuellement de l’huile essentielle d’orange, en réduisant la dose totale de cuivre à 990 g/ha. La fréquence du mildiou sur grappe n’a été que de 2,7 %, contre 20 % avec le programme standard à 2kg de cuivre/ha/an », détaille Annabelle Gilgen.
« Axpera, seul ou en association, en une à quatre applications, avec une dose réduite de cuivre (1 à 2 kg/ha/an) offre une performance équivalente à celle d’un programme conventionnel ou d’un programme standard de cuivre de 3 kg/ha/an, soit 70 à 80 % d’efficacité sur grappes, permettant ainsi une réduction de l’usage du cuivre jusqu’à 66 % », assure Amoéba.
En 2024, face à la forte pression mildiou, le produit a montré selon la firme « la robustesse et la régularité » de son efficacité, tout en permettant une réduction de cuivre.
Amoéba attend désormais l’homologation de sa solution. « Nous attendons les AMM pour fin 2025 ou début 2026 en France, Italie, Espagne. La Commission européenne a validé la substance active cette année en catégorie ‘faible risque’, exemptée de limite maximale de résidus, annonce Jean-Baptiste Eberst, directeur des affaires réglementaires d’Amoéba. Notre produit vient d’être autorisé aux Etats-Unis ».
La firme espère une homologation en vigne contre le mildiou, mais aussi contre l’oïdium. « Face à une grosse pression oïdium en Vaucluse en 2025, Axpera associée à un biostimulant a été presque aussi efficace que la référence soufre », indique Annabelle Gilgen.
Une fois homologué, le produit sera commercialisé par Koppert, qui évoque un prix de 41 €/ha à 1,25 L, en association avec du cuivre, et envisage déjà un développement « sur 120 000 ha en France, Italie et Espagne en 2029 ». Les dirigeants d’Amoéba comptent présenter leur solution au salon Sival à Angers en janvier, sous un nouveau nom.




