epuis 2018, Paul Clergeot cultive 8 hectares de vignes en Champagne, dans l’Aube (Polisot, dans la Côte des Bar). Et début 2025, il a décidé de vendre ses enjambeurs. « L’idée était de consommer moins de carburant, et de moins tasser les sols », résume-t-il. Mais ce n’est pas tout : en 2024, année très pluvieuse, « on ne pouvait pas rentrer dans les vignes assez vite, car les sols étaient détrempés. 48 heures d’attente, quand il y a une forte pression mildiou, ça change tout. » Bref : pas assez agile, l’enjambeur. « Et sur une de mes parcelles, c’était de toute façon inadapté, à cause de la pente et du dévers. »
Débarrassé de ses tracteurs, il a donc investi dans deux chenillards de 45 et 100 CV. Ces engins consomment 200 litres de carburant, là où un tracteur en brûle 1 000. « L’autre avantage, c’est qu’on peut être hyper réactif, et être dans les vignes tout de suite après une pluie. Et ça ne tasse pas les sols. En tracteur, on est toujours à se demander quand on va pouvoir y aller, avec des fenêtres de 3h. L’idée était d’enlever un stress mental, quitte à faire un travail physique plus dur.»
Car c’est le gros inconvénient de l’engin : « Ça prend beaucoup plus de temps. Le temps de charger l’engin sur la remorque, de le décharger, etc., un tracteur a déjà eu le temps de traiter deux rangs ». Selon ses calculs, il lui aurait fallu deux personnes de plus pendant la période de traitement pour équilibrer la surcharge de travail. « La saison 2025 s’est bien terminée, mais on était rincés. Et le temps que tu passes à traiter, tu ne fais pas autre chose. »
Alors pour la nouvelle saison qui démarre, Paul a fait machine arrière… à moitié. « J’ai ravalé ma fierté et racheté un petit enjambeur, et j’ai gardé un seul chenillard polyvalent interligne ». De cette façon, il prévoit d’opter pour l’agilité du chenillard en cas de besoin… tout en utilisant l’enjambeur pour les gros traitements. « Rien que pour les travaux d’hiver, le chenillard est utile. Il n’y a plus d’ornières dans mes vignes, par exemple. Et mon salarié, il préfère, c’est beaucoup plus facile à manier.»
Paul Clergeot sait bien qu’il a été « trop loin » dans son projet. « Avant, je disais que les enjambeurs, c’était un truc de feignant, rit-il. Mais bon, au moins j’ai essayé. Et je ne regrette pas. Même si j’ai perdu de l’argent dans l’histoire, j’ai beaucoup appris, et je suis plus prêt pour une nouvelle année comme 2024. »




