es 23 recommandations du rapport sur l’avenir de la viticulture viennent d’être dévoilées par leurs trois sénateurs rapporteurs et ne tardent pas à faire réagir au sein de la filière. Remis à la ministre de l’agriculture Annie Genevard, cette dernière indique que « le rapport n’est pas encore rendu public et ne le sera pas avant la semaine prochaine. Si jugée utile, une réaction de la part de mon ministère sera donc émise postérieurement à cette publication ».
S’il a pu prendre connaissance de ce rapport avant publication, le président des Vignerons Indépendants de France, Jean-Marie Fabre, y salue « le constat, qui fait aujourd’hui largement consensus dans la filière et qui dresse la photographie de son état à l’instant T, et la mise en avant des problèmes liés au mal-être agricole en général, l’installation de nouveaux vignerons, la simplification administrative, la sanctuarisation de l’INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité), le développement de l’œnotourisme… ». Soulignant qu’au-delà du rapport, ce sont les 23 préconisations proposées qui seront retenues, Jean-Marie Fabre commente d’un sobre « il m’en manque ».
A travers sa parole, sa fédération regrette en effet « le déficit d’approche stratégique et de perspectives dans ces préconisations, avec une vision presque passéiste de notre filière ». Ainsi, la question de l’adaptation aux nouveaux enjeux climatiques « n’est traitée qu’à travers le prisme des cépages résistants et de l’extension du calcul de la moyenne olympique assurantielle, mais cela ne suffit pas pour incarner une réelle politique de résilience pour nos entreprises à ciel ouvert, alors que c’est le sujet n°1 ! Il faut une ambition plus forte, notamment sur l’aide à la protection face aux aléas ». Le vigneron de Fitou appuie en effet que le rapport ne relève pas d’ambition quant aux possibilités de protection. « Face au gel, la grêle, l’arythmie hydrique, des outils de protection efficaces sont à disposition. En aidant nos entreprises à s’en équiper, on maintient la capacité à produire et la capacité de nos entreprises à être résilientes et performantes ».
Même l’extension de la base de calcul de la moyenne olympique assurantielle apparaît dépassée aux Vignerons indépendants de France au regard des enjeux. « C’est une bonne chose mais ça n’a qu’un intérêt limité, alors que les experts en assurances eux-mêmes indiquent qu’une base de calcul de dix ans pour cette moyenne ne changerait pas grand-chose aux indemnisations. Une de nos présidentes départementales a enregistré 11 aléas en 14 ans à titre d’exemple », pose Jean-Marie Fabre car « ça ne règle pas la question centrale de la capacité à se protéger et donc à produire pour continuer à fournir nos marchés ».
La capacité à aborder les marchés est justement un autre aspect des 23 recommandations sénatoriales avec lesquelles la fédération des Vignerons indépendants de France n’est pas alignée. « On se rejoint sur la nécessité de gagner des parts de marché à l’export. Mais rappelons qu’avant de demander une augmentation du budget alloué à la promotion pays-tiers, il serait bon de déjà consommer l’enveloppe de 80 millions € disponible chaque année pour la France. La complexité des dossiers de cet appel à projet ne permet d’en consommer que 40 à 50 millions €, 30 à 35 il y à 3 ans, alors qu’une simplification permettrait déjà d’accompagner beaucoup plus de structures sur les marchés export », détaille Jean-Marie Fabre.
Enfin, la 13ème recommandation sénatoriale demande la publication « sans délai le décret nécessaire à la reconnaissance d’organisations et associations d’organisations de producteurs viticoles ». Une mesure à laquelle est fermement opposée la fédération des caves particulières en l’état . « Dès que la rédaction de ce décret sera claire sur la garantie d’un accès équitable aux aides pour l’ensemble des producteurs, les Vignerons indépendants le soutiendront. Mais ce point reste plus que flou à l’heure actuelle, avec aucune garantie sur cet accès équitable aux dispositifs d’accompagnement français ou européens. Une fois clarifié, nous serons prêts à le signer », recentre le vigneron du domaine de la Rochelierre (Aude).



