la croisée des chemins pour un rapport « décoiffant », comme l’en qualifient ses auteurs ? Autour de la présidente Dominique Estrosi Sassone, sénatrice Les Républicains des Alpes-Maritimes, les rapporteurs Henri Cabanel, sénateur de l’Hérault (Rassemblement Démocratique et Social Européen), Daniel Laurent, sénateur de Charente-Maritime (Les Républicains), et Sébastien Pla, sénateur de l’Aude (Socialiste, Écologiste et Républicain), tous trois vignerons de leur état, ont rendu ce 29 octobre les conclusions de leur rapport sur l’avenir de la viticulture (disponible ici sur le site du Sénat), alors que celle-ci « subit de plein fouet les répercussions de tensions internationales imprévisibles, est confrontée à l’accélération des aléas climatiques, ainsi qu'à une évolution profonde de la demande ».
« Comment une filière ayant tous les atouts pour réussir a-t-elle pu se retrouver en situation d'arracher des dizaines de milliers d'hectares ? », posent d’ailleurs en préambule à ces conclusions les sénateurs de cette commission des affaires économiques. 23 recommandations sont exprimées par les 3 rapporteurs, au premier rang desquelles l’organisation d’assises de la viticulture « fondées sur un pacte de confiance entre l’amont et l’aval de la filière ». Présentée comme la recommandation phare de leur travail, cette préconisation est attendue « dès le premier semestre 2026 » par les trois sénateurs. Elle acte notamment la mesure forte « d’intégrer le négoce au sein des organismes de défense et de gestion (ODG) » ainsi qu’un « engagement formel et contrôlé de développement des outils de contractualisation », expliquent les rapporteurs. Ils exigent de « faire un bond décisif sur la connaissance des coûts en viticulture et la contractualisation », en concluant des accords de durabilité comprenant la publication de prix d’orientation, à l’image de ce que tente de mettre en place l’IGP des vins e pays d’Oc.
Et pour que toutes les parties se sentent bien concernées par cette union des forces de la filière, les sénateurs proposent que « toute nouvelle aide de crise soit conditionnée à l’aboutissement de ces assises ». Les trois sénateurs-viticulteurs appuient leur certitude que « l’issue de cette polycrise tient en la capacité de l’amont et de l’aval de la filière à signer un pacte de confiance».
« 23 ans que la commission n’avait plus planché sur ce sujet », pose Daniel Laurent, pour un rapport abouti après un long travail d’auditions, « une cinquantaine, de l’ensemble des organisations et institutions de la filière, en France, mais aussi à l’étranger, car la conjoncture est aussi difficile dans les autres pays producteurs, qui arrachent eux aussi », et voté à l’unanimité par la commission des affaires économiques.
Se voulant résolument tournées vers des solutions pour l’avenir de la filière, les 23 recommandations égrènent les 300 pages du rapport en « demandant à la filière de rationaliser son nombre d’interprofessions », et pointant « 23 interprofessions vins contre 10 pour les fruits et légumes et plus de 200 ODG qui défendent plus de 400 indications ». A l’image de la réussite de la Champagne, les rapporteurs plaident « la généralisation des dispositifs de régulation des volumes commercialisables à l’échelle de ces interprofessions ». Le sujet du mal-être agricole, aider plus encore la transmission et la reprise des exploitations ou accroitre l’aide à la promotion en augmentant le budget alloué à la promotion pays-tiers figurent également au menu des recommandations.
Outre la segmentation de l’offre française, « un choc de communication nécessaire à la (re)conquête de consommateurs nationaux et internationaux », est préconisé, ainsi qu’une nécessaire simplification des contraintes administratives. Le chantier du changement climatique n’est en revanche abordé que sous le prisme du « développement des variétés résistantes aux aléas climatiques et sanitaires ». Les rapporteurs appellent en outre à allonger à 8 ans le calcul de la moyenne olympique assurantielle, et allonger entre 8 et 13 ans les autorisations des plantation pour maintenir le potentiel de production.
Soulignant la « filière d’excellence » que constitue la viticulture française « vu que c’est toujours sur elle qu’on tape en cas de conflit commercial ou d’accord de libre-échange », les sénateurs-viticulteurs reviennent en conclusion sur « la volonté d’union entre l’amont et l’aval pour jouer gagnant-gagnant. Si le négoce bat de l’aile, c’est que la production ne va pas, tout comme la grande distribution qui réduit son rayonnage. Tout le monde soit avancer ensemble pour l’avenir de notre filière d’excellence ».




