C’est ma plus petite récolte en 25 ans de carrière », confie Céline Michelon, 50 ans, à la tête du Mas de Bayle, 17 ha à Villeveyrac, dans l’Hérault. Cette année, elle a rentré 420 hl contre 1 000 hl en temps normal.
En juin, en arpentant ses vignes, elle comprend. « Normalement on peut tabler sur 3 kg de raisins par souche. Là vu le nombre de grappes je me suis dit qu’on n’en aurait pas plus de 1,5 kg. » Puis, les chaleurs intenables en août n’ont fait qu’aggraver les choses.
Céline Michelon rencontre d’autres difficultés. Le négoce qui écoulait 70 % de sa production est aux abonnés absents. Une demi-récolte de 2024 attend preneur dans son chai. En attendant il faut réagir : se rapprocher du banquier pour obtenir l’étalement du remboursement de son prêt de 40 000 €.
Au Château Mazeyres, 25 ha à Pomerol en Gironde, la saison a bien démarré : pas de gel, peu de mildiou. « Puis la vigne a bien résisté au coup de chaleur de juin, rapporte Jean-Michel Bernard, directeur technique. Mais après la canicule de début août, les raisins ont flétri. Ils n’ont donné aucun jus. »
Résultat : 25 hl/ha en 2025, comme en 2024 où le mildiou et la grêle avaient sévi, alors que Jean-Michel Bernard vise 40 à 45 hl/ha. « Nous sommes pris en sandwich entre la faible récolte et une activité économique au plus bas, déplore-t-il. Tout cela nous impose de nous démener pour dynamiser nos ventes et conserver des prix corrects. » Depuis l’hiver dernier, la propriété a mis en place une structure de commercialisation pour distribuer directement ses vins et suppléer à la défaillance du négoce.
Toujours en Gironde, à Génissac, Isabelle Bouchon, à la tête de Château Haut Mongeat fait le dos rond. Cette année elle n’a ramassé que 20 hl/ha alors que sans accident climatique, elle peut tabler sur 35 à 40 hl/ha. « Dès début août, c’était cuit. La vigne souffrait de la sécheresse au point de perdre des feuilles », rapporte-t-elle. Pour faire face à ces baisses de rendement, la viticultrice prépare une hausse du prix de ses bouteilles.
Isabelle Bouchon écoule toute sa production en direct à l’export et aux particuliers. Comme d’autres, elle voit ses ventes baisser. Face au marasme, elle a arraché 4,5 ha en 2024 et elle arrachera 8 ha de plus en fin d’année. Après cela, il ne lui restera que 3,5 ha. « C’est un crève-cœur, mais c’est le seul moyen de s’en sortir », confie-t-elle.
Dans le Lot, Laurent Dubernard, coopérateur au sein de Vinovalie, 50 ha sur quatre communes, est dépité. Il vient de récolter 45 hl/ha après 53hl/ha en 2024 alors qu’il vise 100 hl/ha. La conséquence d’une sécheresse inédite en août. Et de confier : « Si le climat continue sur cette lancée, il faudra arracher ». Plus que jamais, il compte sur les revenus de son entreprise de travaux viticoles créée il y a 25 ans pour passer le cap.


Retrouvez tous les articles de La Vigne


