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Des "vignerons en colère" vident les cuves de vins bradés aux enchères
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Mévente judiciaire
Des "vignerons en colère" vident les cuves de vins bradés aux enchères

Coup de colère vigneronne à Bordeaux : des cuves de vins vendues à bas prix lors d’une liquidation judiciaire viennent d’être vidées lors d’un discret raid expliqué par un courrier anonyme. Une action inédite en Gironde, témoignant de la montée en tension causée par les prix bradés.
Par Alexandre Abellan Le 15 octobre 2025
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Des vins partis à bas prix, mais pas à bas bruit. - crédit photo : Adobe Stock (nsit0108) généré à l’aide de l’IA
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 Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes simplement des vignerons qui essayons de survivre face à un désastre annoncé » annonce un énigmatique courrier intitulé « nous vignerons en colère ». Circulant dans le vignoble girondin, cette lettre, que Vitisphere a pu consulter sans pouvoir l’authentifier, n’est ni signée ni revendiquée par une organisation syndicale. Cette missive annonce que ses rédacteurs se sentant « lâchés et abandonnés » ont « pris notre destin en main, suite à la vente aux enchères de jeudi [9 octobre] dernier, où des vins d'AOC se sont vendus à des prix indécents » lors de la liquidation judiciaire d’un château bio à Blaye, qui a été médiatisée suite à la manifestation des Jeunes Agricultures de Gironde à l’hôtel des ventes des Chartrons appelant à la distillation de ces lots à prix cassés. Le prix de vente y chutait à 23 €/hl en moyenne, soit 207 € le tonneau, suscitant l’émotion dans le vignoble en crise. « Pour stopper ce massacre, nous sommes passés à l'action et, à contre cœur et la mort dans l'âme, avons ouvert les cuves pour éviter que ces vins soient vendus à des prix inacceptables sur le marché et aggrave notre situation » annonce le courrier anonyme, qui précise que « nous comprenons la situation de nos collègues parfois en grande difficulté mais nos actions ne sont pas dirigées contre eux. Si on laisse faire, de plus en plus de vignerons seront en difficulté. »

Les informations recoupées par Vitisphere confirment qu’une effraction a eu lieu dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 octobre, avec l’ouverture au pied de biche de la porte principale des chais où étaient stockés les lots de vins, avant qu’ils ne soient récupérés par leurs acheteurs aux enchères. Au total, 1 000 hectolitres de vin auraient été vidés : mais seulement des lots vendus aux enchères, aucune cuve du nouveau millésime 2025 n’a été touchée, le domaine ayant été racheté par un vigneron bordelais avant la liquidation de sa société d’exploitation. « Il y a un eu un acte malveillant, mais il n’y a eu aucune volonté de saccage » rapporte le nouveau propriétaire du chai, qui souhaite rester anonyme et précise n’avoir aucun lien avec les vins liquidés, qu’il ne faisait que stocker jusqu’à leur vente. « Les personnes ont dû rester 5 minutes et n’ont vidé que les cuves identifiées à la vente. Je ne dirai pas que c’est chevaleresque, mais ils se sont comportés en gentlemen. C’est un acte de désespoir dont je comprends la détresse » poursuit ce vigneron qui ne déposera pas plainte.

Le vin dans le fossé

Une approche apaisée que l’ancien propriétaire du domaine de 40 hectares ne partage pas. « En dehors de la colère que l’on peut justifier et comprendre. On ne fait pas n'importe quoi » peste cette ancienne figure du vignoble blayais, sans souhaiter que son nom n’apparaisse : « ils ont vidé les cuves et répandu le vin dans le fossé. Mais ils n’ont pas retiré les chapeaux des cuves, qui se sont abîmées. C’est de la bêtise de gougnafiers… Alors qu’un jeune investisseur se bagarre pour faire vivre boutique, c’est lui foutre le bordel pour son lancement. » Tandis que la nouvelle de cette action inhabituelle se répand dans le vignoble bordelais, les réactions oscillent entre la compréhension du ras-le-bol et le rejet d’une dégradation jusque-là réservée aux vignobles méridionaux (comme le Comité d’Action Viticole dans l’Aude).

Ce n’est pas un comportement

Président de l’AOC Blaye Côtes de Bordeaux, Nicolas Carreau est « doublement en colère », d’abord contre « ce qui s’est passé la semaine dernière avec la vente à petits prix de vins qui n’auraient pas dû être commercialisés (certains n’étant ni loyaux ni marchands) », ensuite contre « l’action qui s’est passée chez un vigneron. Ça, je ne peux pas le comprendre et l’accepter. Ce n’est pas normal entre vignerons qui n’ont rien fait de mal, si ce n’est de souffrir de la même crise. Ce n’est pas un comportement. Si l’on commence à se faire ça entre nous, rien ne va plus. »

« Ce type d’action n’est pas dans l’ADN des vignerons girondins. Mais le désespoir gagnant, tout est possible » soupire un élu installé du vignoble. « Je ne sais pas si je cautionne l’action, mais je préfère que ces vins soient dans le caniveau plutôt que sur les marchés » tempère un plus jeune représentant de la filière, qui craint l’engrenage : « il y a un risque pour que ce soit de pire en pire. Quand le désespoir frappe la campagne, le passage à l’acte peut être violent. Les vignerons bordelais sont plus feutrés, mais il semble que l’on ait maintenant un pendant bordelais aux actions dans l’Aude. »

Menace

Dans la lettre anonyme revendiquant l’action à Blaye, les « vignerons en colère » annoncent espérer « que ce ne sont pas des acteurs importants de la place de Bordeaux qui profitent de cette situation » des vins vendus aux enchères à bas prix, car « si c'était le cas, des actions seront menées chez eux ».

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Tous les commentaires (4)
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P Hat Le 15 octobre 2025 à 15:42:24
Une fois la poussière de cette crise retombée, et le vin évacué jusquá l'océan, peut être que les crabes aux pinces acérées se rendront-ils compte du ridicule de cette vengeance émotionnelle inutile. Tout ce temps perdu á détruire son prochain en le rendant responsable de notre propre médiocrité et incapacité à produire de meilleurs vins, des vins qui font envie, des vins qui attirent les nouveaux et plus jeunes consommateurs. bref, des vins qui sont bons et qui se vendent. J'ai honte pour ma communauté viticole qui semble avoir perdu les pédales.
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Renaud Le 15 octobre 2025 à 07:52:50
Dommage pour les cuves du nouveau propriétaire. Mais avec l'effraction l'assurance jouera. Voilà une action de retrait immédiate du marché de lot bradés et apparemment pas tous marchand. Comment les retirer légalement voilà la question. car sinon ce ne sera qu'une ouverture de brèche. Quant au manque à gagner de l'exploitant en LJ. Avec 23000? de vente et les frais de son liquidateur ce sont ses débiteurs non prioritaires qui ont eu le manque à gagner soit surement la MSA et l'état car les autres de toutes façons n'auraient rien eu
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augustin Le 15 octobre 2025 à 07:38:42
Plus généralement la tendance actuelle est soit de blâmer l acheteur parce qu il saisit une opportunité de prix bas , notamment en gd ...soit de blâmer le vendeur...que celui ci soit le viticulteur au bout du rouleau ....voire celui qui le remplace en la personne du trio juge commissaire/ commissaire priseur et mandataire lors d une liquidation. Cela n à pas de sens car faisant ainsi , on continue à s attaquer aux simples effets mécaniques de la crise sans en annuler les causes profondes. Absence de solidarité entre vitis, manque de synergie avec le négoce ,désengagement bancaire , absence de stratégie au grand export notamment. Battons nous sur les vrais sujets et cessons de vouloir rester à la surface des événements.Detruire un stock de vin en vrac sous contrôle d un mandataire liquidateur est un délit et ses auteurs risquent la correctionnelle ,et c est bien ainsi.
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bill et boule Le 15 octobre 2025 à 05:26:53
Le mandataire liquidateur faisait son travail en tentant de réaliser l actif disponible du domaine en lj Les délinquants ont donc détruit de la valeur à la fois contre les créanciers mais aussi contre les intérêts des associés qui le cas échéant vont dorenavant se retrouver à combler une partie du passif de leurs propres poches. Créanciers, mandataire et surtout associés de la propriété en déroute vont probablement porter plainte de manière tout à fait légitime.Et les commentaires oiseux du repreneur reflètent une parfaite ignorance des intérêts en jeu .Quant aux délinquants leur acte aggravé la lj en cause sans pour autant faire remonter les cours du bordelais . Action fratricide , stérile et parfaitement égoïste puisque achevant un collègue déjà dans la tourmente . Ce type d attentat doit être empêche rapidement par les gendarmes puis la justice car demain ce sont des cuves encore à siphonner et des chais à bouteilles à incendier . Processus suicidaire à juguler immédiatement !
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