’ajout d’un adjuvant améliore-t-il l’efficacité des herbicides foliaires ? Oui, selon De Sangosse qui a invité distributeurs et prescripteurs à le constater mi-juillet à Jully-lès-Buxy, en Saône-et-Loire. Dans une parcelle infestée de laiterons et d’érigérons, la firme a comparé deux programmes à base de pyraflufen-éthyl (Sorcier à 0,8 l/ha*) : l’un avec une seule application le 30 mai, l’autre avec deux applications : le 30 mai, puis 15 jours plus tard. Résultat : une seule application ne suffit pas. Si sur laiteron l’efficacité atteint 75 %, sur érigéron elle n’oscille qu’entre 40 et 50 %. Avec deux applications, l’efficacité monte à 85 % sur laiteron et entre 50 à 55 % sur érigéron.
Dans d’autres modalités, De Sangosse a ajouté soit Gondor soit Exsentia à l’herbicide. Cette fois, les résultats sont bien meilleurs. Gondor, comme Exsentia ont augmenté de 20 % l’efficacité du désherbage unique et de 10 % celui en deux temps. « Avec ces adjuvants, l’herbicide agit plus rapidement », explique Frédéric Pagès, chef marché adjuvant De Sangosse.
Exsentia est à base d’huile végétale et de sulfate d’ammonium. Gondor est à base de lécithines. Le premier est un pénétrant, un humectant, un correcteur de dureté et un antimousse. En outre, il réduit le lessivage et la dérive. Le second améliore l’homogénéité de la bouillie, agit sur la rétention des gouttelettes, leur étalement et améliore la pénétration de l’herbicide dans la plante. Il réduit également la dérive.
« Les herbicides foliaires à base de pyraflufen ou de carfentrazone agissent par contact. Avec nos adjuvants, ils s’étalent mieux sur les feuilles, ce qui les rend plus efficaces », insiste Frédéric Pagès. Selon lui, ces adjuvants améliorent aussi l’efficacité du glyphosate. « Pour agir, il doit traverser la cuticule des feuilles. L’ajout d’un adjuvant pénétrant facilite ce franchissement. De plus, on limite de 45 à 50 % la dérive avec des buses classiques et de plus de 90 % avec des buses antidérive de classe 1 », détaille l’expert.
De quoi faire des économies. « Avec un glyphosate à 2 l/ha plus l’adjuvant, on a la même efficacité qu’à 3 l/ha. Et si on utilise le glyphosate à pleine dose, on peut viser des adventices difficiles à détruire comme les érigérons ou les chardons », développe-t-il encore.
Qu’en pensent les distributeurs ? « Il y a un réel intérêt à ajouter un adjuvant aux herbicides. Mais je ne serai pas aussi catégorique pour les fongicides et les insecticides », note Josquin Lernould, responsable marché agro-viticole Acolyance vigne, en Champagne.
Ce distributeur note que le nombre d’herbicides ne cessant de se réduire, les adjuvants apportent un plus. « Spotlight est un défanant qui s’utilise en été. Il a tendance à se volatiliser facilement. En ajoutant un alourdisseur et un mouillant comme Gondor on réduit la dérive et on couvre mieux le feuillage. On obtient de meilleurs résultats avec Spotlight. Même chose avec Sorcier, un autre post-levée », insiste le distributeur.
Josquin Lernould met aussi en avant l’intérêt de Slider, un adjuvant à base de sulfate d’ammonium de Cerience, pour le glyphosate. « Ce produit corrige les eaux dures. Or le glyphosate est très sensible à la dureté de l’eau et nous avons des eaux très calcaires en Champagne. »
De son côté Xavier Besson, Directeur Vigne et Développement BU Vins chez LVVD a référencé le Cantor de Cérience à base d’huile de soja éthoxylée. « C’est un mouillant qui a des fonctions de rétention, d’antidérive et qui améliore la mise en suspension du produit dans la cuve. Avec Cantor ajouté au glyphosate, on évite le ruissellement et on améliore la pénétration du produit si bien qu’on augmente son efficacité. En saison, il a aussi un intérêt avec Spotlight ou Sorcier, non pas pour améliorer l’efficacité car on n’a de problème de ce côté-là, mais pour réduire la dérive et éviter toute phytotoxicité. »
Ce distributeur a également référencé Héliosol pour les applications en sortie d’hiver. « Il reste intéressant par son effet antirebond, antidérive, d’étalement, et d’amélioration de la pénétration. Mais comme les viticulteurs ne peuvent pas l’employer au-delà du stade pleine fleur (BBCH 65), il s’utilise peu avec Spotlight ou Sorcier. »
Selon De Sangosse, les adjuvants améliorent aussi l’efficacité des herbicides racinaires (flazasulfuron, flumioxazine, propyzamide). « Ces herbicides ont besoin d’être dans de l’eau pour pénétrer dans les racines. Par temps sec, ils cristallisent rapidement et ne peuvent plus être absorbés par les racines. En ajoutant un adjuvant comme Gondor ou Exsentia, il se forme une émulsion dans le sol qui empêche la cristallisation de l’herbicide et le rend absorbable plus longtemps. On peut gagner 15 % d’efficacité. On a travaillé sur ce sujet en grande culture et on commence en vigne ». De son côté, Josquin Lernould est moins convaincu. « Pledge forme un film herbicide à la surface le sol, indique ce distributeur champenois. Pour qu’il soit efficace, il faut surtout que le sol soit propre. On insiste donc sur la nécessité de retirer tous les sarments avant de traiter et de ne pas travailler les sols dans les jours qui suivent l’application. »