a filière vin retrouve depuis ce 12 octobre une ministre de plein exercice, Annie Genevard.
Joël Boueilh : C’est une bonne chose que la ministre de l’Agriculture ait été reconduite à son poste, parce qu’elle a voulu y être reconduite. Je ressens comme une bonne nouvelle que quelqu’un qui connait les problèmes de l’agriculture en général et de la viticulture en particulier se batte pour garder son maroquin. Elle ne va pas découvrir les dossiers, elle connait ceux en cours. Elle n'a pas l’excuse du temps pour reprendre les affaires, elle doit être dans l’action dès que sera passé le discours de politique générale et que seront élucidés les motions de censure. Et puis feu, mettons-nous au travail, il est urgent d’aller vite.
Pour les caves coopératives, une priorité est la mise en œuvre des 10 millions € d’aides à la restructuration qui est suspendue aux conclusions que le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) doit rendre ce 31 octobre…
Effectivement. Et tout me laisse à penser que ces atermoiements ne nous font pas gagner du temps. Initialement, on se disait qu’il faudrait 25 millions €/an. On en n’a eu que 10 millions € que l’on pensait avoir pour la demi-année. En réalité, on arrive à la fin d’année sans avoir commencé à toucher un euro. Je suis enclin à dire qu’il faut d’ores et déjà réfléchir à 2026. La ministre a déjà été sensibilisée sur l’impérieuse nécessité d’avoir une enveloppe pour aider les caves coopératives en difficulté. Après la récolte 2025, l’évidence de l’audit sera d’autant plus criarde. Le CGAER ne va faire que révéler une situation que l’on annonce et voit arriver depuis plusieurs mois. Je rappelle que j’ai alerté le ministre Marc Fesneau sur ce sujet en février 2024, il y a bientôt deux ans.
Nous allons continuer à batailler. La nécessité est plus forte chaque jour qui passe. Rien ne nous aide dans le contexte général. Pour la déconsommation, le contexte politique que nous vivons ne donne aucune envie de prendre du plaisir : on est dans un contexte anxiogène en permanence. Il ne se passe rien pour le milieu viticole qui vend moins, mais il ne se passe rien aussi pour la restauration, les bâtiments…
La fragilité des caves coopératives semble de plus en plus menaçante.
C’est évident avec la pression que l’on prend et que l’on sent. Les gens paraissent résignés et abattus. Le vignoble est une cocotte-minute, tout est mis sous le couvercle. J’ai peur de l’explosion et que l’onde de choc soit terrible. Ce sont les alertes que l’on envoie au gouvernement : ne faites pas comme si ça passait crème. En ce moment sur le terrain, c’est une cocotte-minute qui bout à l’intérieur et dont ne sait pas faire sortir normalement la vapeur.
On entend de l’impatience sur la réponse de la Commission européenne pour l’accès aux fonds de réserve de crise pour financer l’arrachage définitif français.
La demande a été faite il y a un mois. Depuis, je ne suis pas sûr que les oreilles de Bruxelles se tournent vers la France où le poids du politique est discrédité. Pour retrouver de la confiance et du temps écoute, il faut des gens à la manœuvre. Nous n’avons pas les chiffres des souhaits d’arrachage du sondage FranceAgriMer, qui vient de se terminer, mais on pressent une petite musique sur l’arrachage que l’on n’entendait pas. Il y a un an, la Gascogne représentait 3 % de l’arrachage. Aujourd’hui, il n’y a plus rien à voir. Avec une cinquième petite récolte, les gens sont à genou. Il y a besoin de signaux forts.