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"Celui qui vous sauve, ce n’est pas le banquier, ce sont les clients que vous allez chercher"
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Paroles d’un néo vigneron
"Celui qui vous sauve, ce n’est pas le banquier, ce sont les clients que vous allez chercher"

On n’est jamais si bien servi que par soi-même apprennent et appliquent quatre néo-vignerons qui ont racheté en pleine crise un cru bourgeois du Médoc. Sans regrets.
Par Colette Goinère Le 25 octobre 2025
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'Les crus classés devraient avoir une attitude bienveillante pour les petits. Qu’ils arrêtent de faire des seconds, des troisièmes vins dont les prix laminent le marché' estime le vigneron, lançant que les 'négociants, ce sont des acheteurs qui sont devenus de piètres vendeurs et qui ne mettent pas en avant des vins peu connus'. - crédit photo : DR
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ace au marasme commercial, les négociants bordelais lâchent les petites propriétés viticoles. Pas de panique pour Didier Pineau, 67 ans, qui a racheté en juin 2022 le château Bellegrave du Poujeau (4 hectares en AOC Médoc) avec son épouse Claire-Marie, et un autre couple, Christine et Jean-Philippe Paré. Ils se souviennent de leurs cours de management et estiment que « celui qui vous sauve quand vous êtes dans la difficulté, ce n’est pas le banquier, mais ce sont les clients que vous allez chercher ». Ce qu’ils vont faire. Ils organisent deux fois par an (avant noël et en mai) des portes ouvertes à la propriété. A vélo, ils ratissent les alentours et distribuent 3 000 tracts dans les boîtes aux lettres, annonçant ces portes ouvertes. A Toulouse et au Pays basque, au printemps, chez des copains, ils font déguster leurs vins, genre réunion Tupperware. Et ça marche. 30 % du chiffre d’affaires aujourd’hui se fait avec les portes ouvertes. Les particuliers constituent le gros noyau des ventes. Le réseau Café Hôtel Restaurant (CHR) démarre. L’export représente 15 % du chiffre d’affaires. Les deux compères savent utiliser leur carnet d’adresses professionnelles, bien rempli.

De cette expérience, Didier Pineau estime que « Bordeaux ne s’en sortira que si une solidarité s’instaure au plan local. Je pense par exemple que les crus classés devraient avoir une attitude bienveillante pour les petits. Qu’ils arrêtent de faire des seconds, des troisièmes vins dont les prix laminent le marché et qui ne correspondent qu’à une approche de rentabilité financière. De même pourquoi certains grands châteaux ne partagent-ils pas du matériel, qui souvent dort dans les hangars, avec ceux qui sont à la peine. » Le néo-vigneron n’est pas plus tendre avec les metteurs en marché : « quant aux négociants, ce sont des acheteurs qui sont devenus de piètres vendeurs et qui ne mettent pas en avant des vins peu connus. Je crois aussi que Bordeaux devrait davantage coller aux attentes des consommateurs. Pourquoi ne pas intégrer un panel de prescripteurs, de représentants de la grande distribution, des consommateurs dans les instances de la filière bordelaise ? »

Vignerons pas si indépendants

N'étant pas issu du sérail, Didier Pineau est un ingénieur en mécanique qui a développé au sein d’Aerospatiale Aquitaine, puis d’Europlasma, la technologie de la torche à plasma et ses applications industrielles. Pour son investissement viticole, il s’est associé avec Jean-Philippe Paré, ex-patron de la R&D de Danone, qu’il connait depuis le CM2. Tous deux ont écumé les propriétés à vendre et ont racheté le château Bellegrave du Poujeau, un cru bourgeois, qui écoule alors sa production à 65 % au négoce, le reste au CHR et aux particuliers. Ils créent une société dans laquelle chacun détient 25 %. Très vite, avec le millésime 2022, la propriété sort de l’Alliance des Crus Bourgeois, qui pour Didier Pineau « n’est pas une réponse à la crise » et se tourne vers les Vignerons Indépendants.

Dans l’Hexagone, les néo-vignerons tablent sur les salons qu’ils initient eux-mêmes. Les 25 et 26 octobre prochain, à Sarrebourg, en partenariat avec un viticulteur de Moselle qui amène cinq vignerons, ils vont lancer "Vineo Sarre" qui se tiendra dans la salle des fêtes de la commune. Didier Pineau a convaincu une dizaine de viticulteurs dont 8 bordelais d’y participer. Et a réussi à mutualiser tous les frais (gîte, billets d’avion). On n’est jamais si bien servi que par soi-même.

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Tous les commentaires (4)
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bill et boule Le 26 octobre 2025 à 17:56:38
La concurrence croissante que font peser les grands crus via leurs seconds vins notamment à l encontre de leurs voisins non classés est une réalité économique . Elle a pris progressivement de l ampleur depuis le millésime 2000 , notamment en Medoc .Le classement hierarchique desdits crus en 2003 à été rapidement annulé et celui de 2020 , même avec effet rétroactif 2018 , a donc laissé pendant 15 ans un véritable boulevard aux gcc pour établir solidement leurs étiquettes sur ce segment .Le mode de fonctionnement des allocations primeur à verrouille le système et le tout nouveau classement des crus bourgeois 2025 avec effet rétroactif 2023 n à rien fait pour remettre en cause cette position dominante .Courtiers et négociants n y ont pas vu malice , non plus que les banquiers locaux qui ont prêté au jeu. Le revirement du marché depuis le convid 19 met en évidence que ces achats faits trop tôt trop cher et en trop grands volumes ne pouvaient que ralentir la rotation des stocks au point désormais de mettre toute la filière viticole bordelaise en danger notamment sur le plan de la trésorerie. Le crus bourgeois sont les victimes collatérales de ce jeu funeste et les procédures collectives gagnent en nombre et en gravité depuis début 2021 , avec accélération en 22/ 23 puis dorénavant 24 /25. Préfet et civb ferment les yeux tandis que les atteintes à la personne ( suicides ) et aux biens ( vandalisme ) restent rares. Nos amis du Pian ont donc raison en vendant leur vin en direct et en livrable , la vente au négoce et en primeur est devenue une chasse très strictement gardée :*(
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augustin Le 26 octobre 2025 à 16:24:49
la ou , par contre les deux couples interviewés ont parfaitement raison ... c est lorsque ils dénoncent la concurrence déloyale que les grands crus classes font aux crus bourgeois avec leurs seconds vins .Via la stratégie commerciale dite du "bouquet " qui contraint les negociants et autres acheteurs pros à acheter ces vins trop cher et en trop grand volume, sous prétexte de garder leur allocation sur les premiers vins . La pratique en question est probablement illégale mais bien peu de jurisprudence existe , sauf celle , deja ancienne , de bordeaux magnum contre château latour à pauillac . Nos collègues ont hélas raison : pas,de réelle concurrence hélas.
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Olivier Metzinger Le 26 octobre 2025 à 13:36:09
Je n'ai rien contre les néo vignerons, j'en suis, et évidemment que ce sont les clients qui nous font vivre. Pour autant, quand on débarque dans la vigne comme si c'était une activité de loisir, il faut raison garder sur les enseignements de cette activité. Rien de méchant dans cette remarque, juste que les entreprises viticole n'ont pas les mêmes réalités économiques. J'imagine que nos collègues touchent une retraite de leurs précédents métiers, un vigneron n'a pas le droit de cumuler sa retraite et une exploitation, et s'il est plus jeune et qu'il souhaite en faire son métier, il a la charge du foncier à supporter (remboursement des emprunts de l'achat), il doit se dégager un salaire pour en vivre, ce qui n'est pas la même musique. Combien d'investisseurs j'ai croisé en 30 ans de métier qui accomplissaient un rêve et qui ont mangés les économies d'une vie. Évidement que si chacun peut vivre ses rêves je n'ai rien contre, mais le définir comme un modèle économique il y a un grand pas.
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augustin Le 25 octobre 2025 à 22:28:45
non et non , ce qui est valable pour une sau de 4 ha ne est pas pour 30 ha , ce qui est la surface habituelle des crus bourgeois du medoc . et faire de l agréable passe temps de bobos ne reflète pas la réalité du terrain pour l immense majorité d entre nous qui n avons d autres sources de revenu que nos domaines familiaux.Donc désolé mais maintennos ensemble la pression sur les banques sur les courtiers sur les négociants et remettons en place un modèle économique generalisable et perenne . Le retour à la terre vertueux et en filière courte , c est bien pour amuser la facétie mais cela ne constitue en aucun cas le sésame pour une sortie de crise gl9bale.Cessons d encourager les egos et privilégions l esprit d équipe c est le seul qui vaine que l on se batte.Avec toute la gentillesse due pour nos excellents collègues.
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