lors que la crise commerciale s’accentue un peu partout dans le vignoble hexagonal, la Bourgogne continue de progresser. “A l'export, nos ventes augmentent de 5,6 % en volume et 2,7 % en valeur à fin juillet 2025” (voir encadré), se réjouit Laurent Delaunay, coprésident du Comité Bourgogne, lors de la conférence de rentrée des vins de Bourgogne ce lundi 6 octobre. “En grande distribution française, les chiffres restent positifs, mais dans des proportions plus faibles, avec +0,7 % en volume et +0,4 % en chiffre d'affaires à fin août.”
“C'est une bonne surprise et cela reste relativement étonnant dans le contexte actuel”, complète Philippe Longepierre, directeur du pôle Intelligence économique du Comité Bourgogne. Car dans le vignoble français, “seuls les blancs du Centre-Loire et d’Alsace obtiennent également des résultats positifs.”
Les blancs et le crémant portent la croissance
Et cela n’échappe à personne : les volumes ont augmenté plus vite que la valeur. Bref, les prix ont baissé. La tendance qu’on sentait poindre en 2024 se confirme. “C’est une nécessité dans un marché plus tendu qu'il y a quelques mois”, reconnaît Laurent Delaunay. Dans le cas précis de l’export, “il a aussi été nécessaire de soutenir davantage nos positions, notamment par des dégustations et des négociations avec les importateurs, pour obtenir ces résultats.”
D’autant qu’après des millésimes 2022 et 2023 particulièrement généreux, la pénurie, qui avait entrainé d'impressionnants bonds tarifaires, est désormais hors de vue. “Les stocks à la propriété restent 5,9 % supérieurs à la moyenne quinquennale. Commercialement parlant, la petite récolte de 2025 n'est donc pas une si mauvaise nouvelle, car elle pourrait permettre de stabiliser les prix.”
En termes d'appellations, les vins blancs, et en particulier les AOC Bourgogne blanc, Chablis, Petit Chablis et Crémants de Bourgogne, se démarquent particulièrement, sur le marché français comme à l’export. Ainsi, “les Crémants affichent une santé insolente avec +3,7 % en volume et +4,6 % en chiffre d'affaires sur les 8 premiers mois en distribution française”, se félicite Laurent Delaunay.
Le marché suedois progresse significativement pour les bourguignons. “Il devient notre quatrième marché, tiré par les vins blancs et les vins de l'Yonne”, observe Laurent Delaunay. L’autre très bonne surprise vient du Canada. “C’est un marché en progression de +29 % en volume +31 % en valeur à fin juillet. Au Québec, la Bourgogne est même devenue la première catégorie de vin, dépassant Bordeaux et le Languedoc.” Dans ce cas précis, “l'accord de libre-échange CETA a eu des conséquences très positives”, analyse le coprésident du comité Bourgogne, qui suivra de près “les discussions avec le Mercosur et l'Inde.
Quant au marché américain, il reste en croissance ce premier semestre. Mais la bonne nouvelle a tout d’un trompe l'œil. “Des expéditions de précaution ont eu lieu. Et les conséquences des taxes Trump de 15% et de la dévaluation du dollar de 14 % depuis début janvier, représentant une augmentation totale des coûts d'environ 29 % pour nos importateurs, se feront probablement sentir début 2026”.