Marqueurs forts du millésime plus au nord du département et au sud de la vallée du Rhône, les fortes pluies du 1er septembre ont globalement épargné le secteur des Costières de Nîmes. A l’heure d’un premier état des lieux, les dirigeants de l’appellation gardoise se satisfont donc du niveau qualitatif de ce millésime 2025, tout en n’évitant pas le constat sans concession « d’une situation et une conjoncture difficiles pour notre appellation comme pour l’ensemble de la viticulture française », indique son président Cyril Marès.
Comme presque partout, les coups de chaud de l’été ont aussi affecté les rendements dans les Costières « pour probablement 10 à 15 % de volumes en moins par rapport à une récolte moyenne », enchaîne le président, qui ne veut éluder aucune des difficultés « dans un contexte général compliqué, générant une baisse des sorties de chai dans notre appellation ». Evoquant également « une érosion continue des surfaces revendiquées en appellation depuis 2015, qui se poursuit en 2025 », Cyril Marès et le vice-président de l’AOC Jérôme Castillon excluent une politique de gestion de l’offre des rendements par le syndicat car « nos producteurs ne revendiquent que ce qu’ils savent vendre, pour ne pas saturer nos marchés », grâce à la possibilité de basculer une partie de la production en plusieurs IGP.


Les transactions de vin en vrac maintiennent en conséquence un niveau de prix relativement stable, « mais insuffisants pour rémunérer le producteur, même en vin blanc », qui affichent pourtant un cours de 130 €/hl pour la campagne passée (contre 117,6 €/hl en rouge et 118 €/hl en rosé). « Nous n’en sommes pas encore au point de devoir faire le choix d’entretenir le vignoble ou pas, et en entamer la pérennité, mais les trésoreries sont compliquées à ces niveaux de prix, car à 120 € on ne gagne pas notre vie », indique Cyril Marès. Indiquant le risque d’effets pervers lié à la fixation d’un prix plancher, « et l’opposition de la profession à cette idée », le président de l’AOC Costières de Nîmes se montre en revanche favorable à un dispositif de prix d’orientation « basé sur le coût de revient dans nos exploitations, plus proche de 140 €/hl à l’heure actuelle ».
Cyril Marès et Jérôme Castillon pointent également « la baisse de 11 % de nos ventes en conditionné, reflétant les difficultés rapportées chez les cavistes, dont les ventes moyennes sont en retrait de 15 %, ainsi que le recul de la fréquentation et de la consommation dans la restauration ». Les ventes en grande distribution sont également en retrait, tout autant que l’export, « qui génère pratiquement la moitié des volumes de nos ventes, avec un décrochage très net des Etats-Unis où nos prix augmentent de 30 % en raison des nouvelles taxes et du taux de change : nos distributeurs là-bas nous annoncent d’importantes difficultés financières », s’inquiète Cyril Marès.
Malgré un tableau d’ensemble bien assombri, les vignerons des Costières savent qu’il y a toujours un après aux temps de crise et pointent les motifs d’espoir en faisant le dos rond. « Nous enregistrons un rebond au Royaume-Uni et en Belgique, deux de nos marchés le plus importants », pointe Jérôme Castillon. Le recentrage sur le marché local redonne également le sourire aux producteurs, qui voient toujours autant de succès de leurs vins auprès des touristes et pendant les moments forts de la vie nîmoise, entre l'évènement des Vignes Toquées (avec le chef Julien Caligo en 2026), férias et les jeudi’vins tout au long de l’été, « où 40 000 verres de Costières ont été vendus cette saison », apprécie Cyril Marès. Les Costières de Nîmes veulent donc continuer à miser sur leurs forces, entre accès direct à l’irrigation en provenance du Rhône, préservation environnementale, expérimentation de variétés résistantes ou hiérarchisation. « Nous visons l’approbation des Costières de Nîmes villages pour la vendange 2027 », espèrent Cyril Marès et Jérôme Castillon.