ropriété familiale de Saint-Émilion, le château Mauvinon ajoute à sa gestion de 6 hectares de vignes (à Saint-Sulpice-de-Faleyrens) le suivi des 40 ares de vignes appartenant à la ville de Paris : de Montmartre (16 ares dans le 18e) à Belleville (250 m² dans le 20e), en passant par Bercy(12e), le parc Georges Brassens (15e) et la butte Bergeyre (19e). Brigitte Tribaudeau et ses enfants, Caroline Lagière et Jean-Édouard Tribaudeau, ont remporté dès ce millésime 2025 le marché public de deux ans (renouvelable une fois) de conseil et expertise en matière de conduite des vignes parisiennes et dans l'élaboration des vins (en soutien aux équipes de jardiniers de la ville de Paris). Alors que la filière vin ne manque pas de consultants et experts, « on s’est dit pourquoi pas nous, une famille vigneronne. Nous sommes trois, apportant chacun notre expertise et chacun pouvant être disponible même quand c’est le coup de feu des vendanges » rapporte Caroline Lagière.
Paris étant facile d’accès depuis le vignoble bordelais, grâce à la LGV, la famille Tribaudeau a suivi tout le long de la saison les vignobles parisiens, de la taille aux vinifications, en attendant les mises en bouteille (chaque vignoble conservant son identité en la matière). Techniquement, « on duplique à Paris ce que l’on fait à Bordeaux pour l’environnement » résume Brigitte Tribaudeau, soit une viticulture agroécologique se passant de phytos chimiques et améliorant la biodiversité, avec un premier semis de couverts végétaux cet automne.
Variétés résistantes
La ville de Paris souhaitant obtenir le label EcoJardins sur tous ces parcs, une démarche qui interdit tout traitement, y compris de cuivre ou de soufre, la famille Tribaudeau poursuit le travail de renouvellement de l’encépagement se plaçant dans la continuité des deux précédents consultants (dont un venant déjà de Bordeaux), avec des complantations de variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium. Ce qui permet au clos de Montmartre, déjà composé à 100 % d’une vingtaine de variétés résistantes, de n’avoir reçu que trois passages de bouillie bordelaise (dont un encadrement de la fleur).


Testant également des tisanes et des alternatives aux fongicides, Brigitte Tribaudeau souligne l’objectif de produire des raisins respectueux de l’environnement tout en ayant de « belles vignes, pour les photos des Parisiens et des touristes ». Si ce vignoble urbain « paraît petit en surface, il est grand en termes de patrimoine. Quand on travaille la vigne, les gens s’arrêtent, regardent et veulent savoir ce que l’on fait. Il y a un vrai intérêt des Parisiens. La vigne est un vecteur de partage et de transmission » pointe Caroline Lagière.