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Planter des arbres dans le vignoble, oui, mais pas n’importe où !
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Vitiforesterie
Planter des arbres dans le vignoble, oui, mais pas n’importe où !

La vitiforesterie se développe rapidement, mais en plus du respect de la réglementation, des considérations agronomiques sont à prendre en compte pour bénéficier des atouts des haies et des arbres.
Par Bérengère Lafeuille Le 06 octobre 2025
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Planter des arbres dans le vignoble, oui, mais pas n’importe où !
Actuellement, 'on manque de recul pour avoir des données robustes sur la vitiforesterie : il faudrait un suivi expérimental sur plusieurs années' rapporte Camille Beral, ingénieure agronome à la société coopérative Agroof. - crédit photo : Bérengère Lafeuille
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es raisons de planter des arbres ne manquent pas. « Pour créer un microclimat à l’échelle de la parcelle, favoriser la régulation biologique des ravageurs et la vie des sols, permettre une diversification, améliorer le paysage et l’image de l’exploitation… », énumérait Fabien Liagre, fondateur de la coopérative dédiée à l’agroforesterie Agroof, ouvrant une conférence dédiée à la vitiforesterie sur le salon Tech & Bio à Bourg-les-Valence, le 25 septembre. Encore faut-il les installer au bon endroit.

Du point de vue réglementaire, tout n’est pas permis. Pour les exploitations percevant des aides de la Politique Agricole Commune (PAC), « il y a un enjeu sur l’admissibilité des surfaces, rappelle Myrtea Chaumien, de la chambre d’agriculture de la Drôme. Les haies doivent faire moins de 20 m de large. En intraparcellaire, la densité doit être inférieure à 100 arbres/ha. » Viennent ensuite les réglementations qui peuvent interdire les plantations nouvelles sur des espaces protégés en vertu du code de l’environnement (habitats naturels sensibles) ou du code de l’urbanisme. « Il est important de se renseigner en mairie pour connaître les réglementations ainsi que les servitudes locales : il y a déjà eu des cas d’arrachage forcé à cause de cela, insiste Myrtea Chaumien. Enfin, il y a un cadre spécifique à la vitiforesterie vis-à-vis des douanes et du Casier Viticole Informatisé (CVI), ainsi que dans les cahiers des charges de certaines AOP. » Pour le CVI, la circulaire du 28 juin 2024 précise les conditions de prise en compte des haies et arbres dans le calcul du parcellaire.

Effet millésime

Pour des raisons techniques également, la place des arbres ne s’improvise pas. S’ils induisent une baisse sensible de température et de rayonnement, « ce microclimat était localisé aux deux premiers rangs dans les différentes parcelles suivies en 2022 et 2023, indique Camille Beral, ingénieur agronome chez Agroof, en charge du projet Vitam sur les performances des systèmes agroforestiers. Les arbres vont créer une hétérogénéité dans les parcelles, avec des effets plus ou moins marqués selon la distance par rapport à eux. Cela se voit sur la croissance de la vigne, le rendement, la qualité des baies. » Elle note également que l’effet millésime joue beaucoup : « en année sèche, on a noté une baisse de rendement plus ou moins marquée à proximité des aménagements agroforestiers, mais aucun effet en année "normale". Inversement, en année pluvieuse on peut avoir un peu plus de maladie sur les premiers rangs qui retiennent un peu plus l’humidité. Mais on manque de recul pour avoir des données robustes sur la vitiforesterie : il faudrait un suivi expérimental sur plusieurs années. »

Pour évaluer la concurrence des arbres âgés sur la vigne, Sylvie Monier, directrice de l’association Mission Haies Auvergne-Rhône Alpes, est allée voir sur place, dans des parcelles, avec un stagiaire. « Après avoir localisé des parcelles avec des arbres sur des photos aériennes, nous sommes allés sur place pour observer l’effet à l’aplomb du houpier et sur une fois la hauteur de l’arbre, comparé à un témoin sans arbre. » Pendant trois mois, ils ont compilé leurs observations. Et constatent que l’espèce joue beaucoup. « Il y a des espèces très concurrentielles comme le chêne, le frêne, l’érable champêtre, le tilleul, le noyer…, liste-t-elle. Ils ont leur place aussi mais pas n’importe où… par exemple pour garer sa voiture à l’ombre ! En intraparcellaire, on peut mettre sans risque de l’amandier qui est très neutre, ou encore d’autres espèces peu concurrentielles comme le cormier, le pêcher, le poirier… Enfin, on peut jouer avec un effet talus : quelle que soit leur essence, les arbres plantés sur des talus d’1 m de hauteur ou plus impactaient beaucoup moins la vigne ! »

Sur le plan du travail, l’installation d’arbres intraparcellaires peut aussi être une contrainte vis-à-vis de la mécanisation. « Une haie en bordure de parcelle, en revanche, permet de profiter de plages de traitement élargies en cas de vent », note Fabien Liagre.

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Olivier Yobrégat Le 06 octobre 2025 à 10:02:15
Planter des amandiers et des pêchers à l'intérieur de parcelles viticoles, c'est à coup sûr développer à terme le redoutable pourridié sur ces mêmes parcelles, avec des implications sur plusieurs générations de plantations. Je rappellerais ici la phrase de Pierre Galet : "Les pourridiés ou pourritures des racines constituent des maladies localement importantes dans les vignobles, non à cause de la rapidité d'extension des dommages, mais par la persistance dans la vigne infectée et les difficultés pour assainir le sol. Ce sont donc des parasites redoutables qui affectent le « capital vignoble » car une terre envahie par ces champignons perd considérablement de sa valeur ». Tout y est dit, et dans son ouvrage "les maladies et la parasites de la vigne", Galet détaille aussi une longue liste des espèces les plus dangereuses vis à vis du pourridié. A méditer avant de donner des conseils qui vont à l'encontre de la durabilité de la culture et qui font fi d'un corpus important de connaissances acquises de longue date.
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