ur la base de l’observatoire viticole régional du réseau CerFrance, on savait les indicateurs économiques des caves particulières comme coopératives d’Occitanie en nette dégradation. La présentation de l’édition 2025 d’Agriscopie, la synthèse des chiffres-clés consolidés de l’agriculture en Occitanie (pour l’année 2023), est venue encore appuyer les difficultés d’une filière viticole régionale forte de 257 000ha de vignes et pesant 17% du chiffre d’affaires agricole régional. « On va en laisser certains sur le bord de la route », n’hésite pas à lancer le président de la chambre d’agriculture d’Occitanie Denis Carretier en parlant d’un secteur viticole « où trop de caves ont encore des stocks de produits inadaptés aux attentes du marché, des charges en hausse, une rentabilité en berne et peut-être encore de l’arrachage de surfaces à venir ». Et l'absence d'eau ne va pas arranger la productivité des exploitations, un sujet sur lequel Denis Carretier appelle à réagir en urgence.
Contrairement à ce qui était attendu par ses services, le directeur conseil économique et études du réseau de cabinets comptables CerFrance Occitanie Benjamin Devaux explique que « les caves viticoles régionales ont en moyenne maintenu des excédents bruts d’exploitation (EBE) positifs sur cet observatoire des chiffres de 2023, faisant preuve d’une énorme résilience ». Mais à quel prix, car « dans le détail on constate que les comptes sont artificiellement soutenus par des caves coopératives qui n’ont pas fini de payer les soldes de 2022 aux adhérents et une décapitalisation des exploitations ». En effet, face au manque de valeur ajoutée générée par des prix de vente des vins trop bas pour les charges de production, « les investissements ne se font plus, le foncier et le matériel se dévalorisent et les exploitations se décapitalisent et s’appauvrissent au point de ne plus être intéressantes à reprendre », rapporte Benjamin Devaux.


Entre les campagnes de 2023 et 2022, les chiffres de CerFrance sont impitoyables, relevant une augmentation des charges de +11% pour les caves coopératives et +14% pour les particulières, faisant baisser la rentabilité (EBE/produit courant) de 1200 à 830€/ha pour les coopératives et de 1630 à 1400€/ha pour les caves particulières. Et un risque financier en nette progression. « Plus de 41% des exploitations en coopérative et plus de 40% des caves particulières dépassent le seuil d’alerte du risque financier », enchaîne Benjamin Devaux, qui rappelle en outre que les perspectives des chiffres de l’année 2024 ne s’annoncent guère sous de meilleurs augures, « suivis d’une historiquement faible récolte 2025, un arrêt avéré du marché des vins rouges et de nouvelles perspectives d’arrachage ».