menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / "Le K53 consomme 3 l/h. Les tracteurs récents le double" Pas de retraite pour les vieux coucous dans les vignes
"Le K53 consomme 3 l/h. Les tracteurs récents le double" Pas de retraite pour les vieux coucous dans les vignes
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Equipements
"Le K53 consomme 3 l/h. Les tracteurs récents le double" Pas de retraite pour les vieux coucous dans les vignes

Face à la hausse des coûts, des viticulteurs comptent sur de vieux tracteurs pour entretenir leurs vignes. Bruyant peut-être, mais maniables et peu coûteux à l’achat et à l’entretien, ces engins rendent encore bien des services.
Par Tanguy Dhelin Le 01 octobre 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Matthieu Bodin, viticulteur au Palet, compte sur son vieux Bobard 625 turbo pour tous les travaux en interceps - crédit photo : T. Dhelin
L

orsqu’il a repris le domaine des Chausselières en 2023 sur la commune du Palet au sud de Nantes, Matthieu Bodin l’a renommé domaine des 4 journaux. Mais il a gardé les vieux enjambeurs Bobard du cédant. « En Muscadet, ce n’est pas rentable de s’installer avec un tracteur neuf à plus de 150 000 €. Après quatre ou cinq ans, je pourrais éventuellement à investir dans une belle occasion à 90 000 €, et encore, cela risque d’être juste », chiffre-t-il. Pour l’instant, il préfère réserver ses nouveaux investissements aux outils de travail du sol.

Au quotidien, il travaille avec ses deux vieux tracteurs. Il passe les interceps avec son Bobard 625 turbo de 1993 de 75 ch et prend son K53, plus vieux encore, datant de 1982, et moins puissant avec ses 53 ch, pour nettoyer ses interrangs avec des disques. « J’ai acheté les deux entièrement révisés avec les pneus changés, le 625 turbo pour 15 000 € et le K53 à 2000 € » rapporte le jeune viticulteur. Pour autant, il ne se prive pas d’un matériel récent et puissant pour les besoins ponctuels. « Pour broyer les sarments, je prends le tracteur de la Cuma » précise-t-il.

Comme lui, Damien Heitz, viticulteur sur 20 ha en Bourgogne, et Emmanuel Asseray, installé sur 60 ha en Anjou, ont choisi de travailler avec des vieux tracteurs. « J’ai acquis un Bobard K42 en 2017 pour 8 000 €. Presque tout avait été refait dessus. Je l’utilise pour le griffage, le buttage et le décavaillonnage des vignes » évoque Damien Heitz.

"Le Renault 55.12  braque très bien"

De son côté, Emmanuel Asseray a repris le tracteur vigneron Renault 55.12 de ses parents, un 52 ch datant de 1972. « L’hiver, il broie les sarments. C’est un chantier qui tire un peu, ça lui fait du bien, commente le vigneron. Au printemps, je l’attèle à une benne trois points ou à une citerne pour le remplacement de piquets de palissage et l’arrosage des complants. Durant la période estivale, je m’en sers pour tondre des 60 ha du domaine et lors de la vendange, il tire le train de Palox pour rentrer les crémants et une benne inox pour les coteaux d’Aubance. Avec ses deux roues motrices, le 55.12 braque très bien. Je peux prendre une rangée de vigne sur deux sans manœuvrer ce qui n’est pas possible avec les nouveaux tracteurs ».

Pour sa part, Matthieu Bodin se félicite de la légèreté de ses Bobard du XX siècle. « En vigne, nous ne pouvons pas mettre de doubles pneus, le poids des tracteurs a une vraie importance pour le tassement du sol. Je vois de plus en plus de viticulteurs revenir à des modèles plus légers pour éviter de tasser », constate-t-il.

Peu coûteux à l'usage

Au-delà du prix d’achat, ces vieux tracteurs se révèlent peu coûteux à l’usage. « Le K53 consomme 3 l/heure. Avec les mêmes équipements, les modèles récents consomment le double », assure Mathieu Bondin. L’entretien, qu’il réalise en partie lui-même, lui coûte entre 2000 et 2500 € et deux à trois jours de travail par tracteur et par an. Trouver les pièces ne lui pose pas de problème. « Ces tracteurs ont été produits en très grande série, les pièces se trouvent facilement. Pour certaines, comme les courroies ou les démarreurs, il est possible d'utiliser les pièces actuelles. Pour d’autres, des entreprises proposent d’en refaire sur mesure et il existe des plans 3D sur internet », dévoile-t-il.

Pour Emmanuel Asseray le compte y est également. « Mon Renault 55.12 consomme peu et je me charge de l’essentiel de l’entretien, notamment les vidanges et le changement des filtres. C’est un tracteur qui ne me coûte rien », témoigne le producteur.

En contrepartie, ils acceptent l’inconfort de ces vieux coucous. « C’est sûr que ces tracteurs sont très bruyants, sans climatisation, ni autoradio », concède Emmanuel Asseray. Pour Matthieu Bodin, les odeurs et les gaz d’échappement sont un autre désagrément. « Sur le K53, le pot d’échappement est positionné bas. Si je tourne toute la journée dessus, le soir, je peux sentir un effet sur ma respiration », rapporte-t-il. Si Damien Heitz s’accommode de ces inconvénients, il observe que ce n’est pas le cas de tout le monde. « Les jeunes veulent des outils modernes. Ils ne sont pas emballés par les vieux tracteurs », constate-t-il. Un fait que les vignerons ne peuvent pas ignorer s’ils veulent embaucher. 

Des pièces encore disponibles pour l'entretien

« Avec la conjoncture actuelle, nous essayons d'accompagner les viticulteurs dans l’entretien de leurs vieux tracteurs, témoigne Sylvain Delonnay, mécanicien au chez Jarny au Palet, le concessionnaire sur lequel Matthieu Bondin s’appuie pour entretenir ses deux antiques enjambeurs Bobard. Avec le temps, ça va peut-être commencer à devenir difficile pour les très vieux tracteurs, mais pour l’instant Bobard nous fournit les pièces. Et si nous n'en trouvons pas, nous cherchons des pièces adaptables ou nous en récupérons sur des vieux tracteurs. » En Anjou, Emmanuel Asseray constate la même disponibilité des pièces chez le concessionnaire historique Renault où ses parents ont acheté le 55.12 avec lequel il travaille aujourd’hui encore. « Quand ils sont passés Claas, ils ont gardé les pièces », apprécie-t-il. En Bourgogne, Damien Heitz témoigne d’une situation plus compliquée. « J’avais un Derot DTF et un Bobard M55 que j’ai dû revendre sous la pression des concessionnaires qui me poussaient à acheter du neuf car ils ne voulaient plus les entretenir », se souvient-t-il. Pour cette raison, il s’est rapproché d’un mécanicien indépendant passionné de vieux tracteurs pour l’entretien de son Bobard K42

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Aisne / Aube / Cher ... - CDI VERTIS Conseils
Saône-et-Loire - CDI DOMAINE FAIVELEY
Côte-d'Or - CDD prestige des grands vins de france
Paris - Stage Paris Wine Company
Gironde - Stage SCV CHATEAU LATOUR
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé