alidé ce 8 août par le tribunal de commerce de Toulon, le plan de redressement sur 15 ans du Château la Castille (Solliès-Ville, Var) valide 18 mois de restructuration de l’activité de la propriété présidée par monseigneur François Touvet, l’évêque de Fréjus-Toulon, en tant que gérant de la Fondation La Castille qui possède le domaine provençal depuis 1922 (l’ayant racheté à la famille Aubert, qui l’avait acquis auprès de la famille des Comtes de Provence). Arrêtée le 20 février 2024, la cessation des paiements de la propriété sanctionnait des années de déséquilibres entre charges et revenus : la propriété réalisant ces dernières années 2 millions € de chiffre d’affaires face à plus 3 millions € de charges, quand son endettement tournait à 4 millions €.
« La dernière direction, partie fin 2023, a fait des choix stratégiques ayant entrainé une explosion des charges, sans pour autant développer le chiffre d’affaires avec des marges correctes. Le premier poste de charge problématique était la partie des charges salariales » rapporte Benoît Ab-Der-Halden, co-gérant depuis fin 2024 du château la Castille, en tant que prestataire via son cabinet saint-Vincent (d’abord pour un audit, puis la mise en œuvre de ses conclusions). Pour se relancer, le domaine a réduit la voilure en abandonnant 30 hectares de fermages et passant à 142 ha pour une production totale de 6 500 hl/an (à 80 % en AOP Côtes de Provence et 20 % en IGP Var). Autre évolution avec la décision « de fermer un certain nombre de postes (8 sur 20), de recalculer les coûts de production et les marges pour ne plus vendre dans certains secteurs à perte, de confier le transport à un spécialiste » esquisse Benoît Ab-Der-Halden.
Reprise de la Castille
Alors que l’ouverture d’une procédure collective (sauvegarde ou redressement) est encore trop souvent vécue comme un échec de la gestion de leur domaine par les vignerons, pouvant en avoir honte et se sentir fautifs, le château de la Castille illustre l’intérêt de cet outil de gestion de l’entreprise face aux défis économiques. « Cette procédure collective a été salutaire pour le château la Castille » pointe Benoît Ab-Der-Halden, pour qui le suivi du tribunal et de l’administrateur ont « permis d'appréhender les écueils passés (arrêt de la restructuration du vignoble, défaut d'investissements réguliers dans la cave...), et de revoir en profondeur le fonctionnement de la société avec une gouvernance techniquement et économiquement compétente. » Qui doit désormais poursuivre le plan de continuation validé par le tribunal. Les pourvois du seigneur sont impénétrables.
« À compter du 1er janvier 2026 je poursuivrai seul à la gérance du château la Castille et poursuivrai parallèlement mes activités d’expertises vitivinicoles avec le Cabinet viticole saint-Vincent évaluation foncière, restructuration de domaines viticoles, audits vitivinicoles… » indique Benoît Ab-Der-Halden.