a plupart des viticulteurs alsaciens ont rangé sécateurs et machines le 20 septembre, juste avant une semaine des plus arrosées. Le vignoble avait déjà enregistré depuis la mi-août un cumul de précipitations de 100 à 200 mm selon les communes. Combiné à des températures élevées, la maturité est arrivée en trombe. « Les raisins ont pris 2 à 2,5 degrés par semaine, contre 1,2 à 1,8 en temps normal » signale Gilles Ehrhart, président de l’Association des viticulteurs d’Alsace. « Mes crémants étaient mûrs. Parfois un peu trop. L’état sanitaire s’est dégradé sur la fin. Le tri a sauvé la qualité du millésime ». Les viticulteurs ont dynamisé leurs équipes. « Il n’y a pas eu la pause habituelle entre crémant et les AOC tranquilles. Cette année nos vendangeoirs ont même ouvert deux samedis » indique Pierre-Olivier Baffrey, président de la cave de Bestheim.
Heureusement le VCI
De l’avais général, les volumes rentrés s’annoncent en baisse. « A titre personnel, je vais me servir du Volume Complémentaire Individuel (VCI) en crémant et en gewurztraminer constitué depuis trois ans » lance Gilles Ehrhart. Bestheim « ne fera pas le plein ». La coopérative haut-rhinoise s’attend à un recul de 10 % à son vendangeoir de Bennwihr (qui réceptionne la moitié de sa surface), de 7 % à Westhalten, plus au sud, et la stabilité à Barr, plus au nord. La coopérative Alliance Alsace plafonne à 70 hl/ha en crémant pour 80 hl autorisés. « Quelques surfaces ont été redirigées vers cette appellation, mais pas tant que ça, car nous devons aussi penser à assurer nos marchés en vins tranquilles » indique Christophe Botté, son directeur général. Bestheim a également renforcé son potentiel crémant qui pèse quasiment 7 millions de bouteilles par an, en puisant notamment dans ses apports en riesling.


La perspective d’éventuelles tensions sur les disponibilités en riesling et en pinot noir dans le millésime 2025, inquiète finalement peu. Tous les acteurs rappellent « qu’il y a du stock ». Alors si cette récolte tire les prix du marché vers le haut, c’est tant mieux. « Les viticulteurs et les entreprises ont subi de fortes hausses de leurs coûts. Il faudrait augmenter nos tarifs alors que la distribution, comme le consommateur, veut des prix bas » soupire Pierre-Olivier Baffrey. Serge Fleischer, directeur général du négociant Arthur Metz, filiale des Grands chais de France, élargit le débat : « je ne me soucie pas du rendement, mais de trouver des gens qui vont boire du vin. La problématique, ce n’est pas la production, c’est la vente ! La France, l’Italie et l’Espagne représentent 60 % de la production mondiale. Aucun de ces vignobles ne peut produire en pensant qu’il arrivera à écouler ses volumes sur le territoire proche ! ».