On a travaillé en viticulteurs, désormais on raisonne en arboriculteurs”. Changement de production pour Didier Vazel et Line Delhumeau-Vazel. Anciens dirigeants du domaine de Brizé à Martigné-Briand, en Anjou, le couple a développé une nouvelle activité proche de la première. Didier, en tant que chef de culture pendant plusieurs décennies, a produit du raisin pour alimenter les cuves du domaine angevin. Il découvre depuis deux ans, la culture du raisin de table. Une nouvelle aventure qui fait suite à la cession du domaine familial et qui s’inscrit dans une première diversification lancée en parallèle de l’exploitation viticole : la production de baies de goji sur 2 ha, structurée au sein de la société, les Jardins de Brizé.
“Avant de se lancer, on a fait une petite étude marché. Il fallait à l’évidence se démarquer. Pas la peine de tenter de faire de la concurrence aux variétés dominantes et aux gros faiseurs pour alimenter le marché de la grande distribution. On a donc opté pour des raisins sans pépins avec beaucoup de goût. Et peu sensibles aux maladies”, raconte Didier.
Une première plantation a été opérée, avec du centennial, un raisin blanc, sur SO4, puis du flame seedless, un rosé, sur 5bb, suivie, dans un second temps, de l’exalta, un autre blanc, et d’autres rangs de centennial, le tout sur 1103 paulsen. Soit un hecare au total. A côté, le producteur a planté toute une série de variétés – une quarantaine au total – à raison de 2 à 15 pieds pour voir comment elles se comportent et faire des choix pour de futures plantations. “Ces essais permettent d’étudier les évolutions des variétés, car certaines par exemple, finissent par produire quelques pépins même si au départ, elles sont sans pépin”. En parallèle, il a planté des porte-greffes qui seront donc directement greffés dans la parcelle le moment venu. Le tout sur une faible densité, avec des largeurs de 3 mètres entre les rangs. L’objectif est de faire du volume sur chaque pied. “Certaines grappes peuvent atteindre 1,4 kg. On mise en début de cycle sur 10 à 12 tonnes par ha, puis en pleine production, on sera entre 15 et 17”, indique Didier.
La culture est menée en bio - alors que le domaine viticole était mené en Terra Vitis - avec protection cuivre et soufre contre les maladies. Avant maturité, les grappes sont ensachées pour les protéger des oiseaux, des coups de soleil et des frelons asiatiques. Elles sont ensuite ramassées manuellement par tri en petites caisses. Avec deux destinations finales : le marché frais et celui du raisin sec. Le raisin sec est réalisé sur l’entreprise via l’achat d’un déshydrateur, également utilisé pour les baies de goji.


Quant au modèle économique du raisin de table, il est bien différent de celui du raisin de cuve. “Selon le mode de vente, on peut tirer un chiffre d’affaires de 30 à 50 000 € de l’ha. Un couple doit pouvoir vivre avec 3 ou 4 ha”, conclut Didier Vazel. A condition de trouver les circuits de distribution qui valorisent : vente directe, épiceries fines, magasins de producteurs…