n mars 2025, Oriane Heuillet, directrice R&D du groupe Artémis Domaines, installe trois capteurs de spores de la marque DAC ADN dans ses vignes pour suivre l’évolution de l’oïdium. « Nous en avons installé deux sur une parcelle de chardonnay de 2,30 ha à Aloxe-Corton, en Côte-d’Or, sur le domaine Bouchard Père & Fils, et un troisième au Domaine d’Eugénie, sur 50 ares de pinot noir à Vosne-Romanée », détaille-t-elle.
Entre mi-mars et fin juin, les capteurs sont relevés deux fois par semaine, puis analysés dans les 24 heures qui suivent à Tresques, dans le Gard, par DAC ADN, première entreprise à effectuer de telles analyses pour des vignerons. « En mai, les modèles annonçaient une forte pression d’oïdium alors que les capteurs ne contenaient aucune spore. Il a fallu attendre la semaine du 3 au 7 juillet pour compter les premières spores – 58 par capteur – puis le 17 juillet pour en compter 134. Quelques jours plus tard, le 21 juillet, on observait les premiers symptômes épars d’oïdium sur les feuilles et les baies, sans doute nés des contaminations de début juillet. Parallèlement, le nombre de spores capturées avait explosé à plus de 700 par capteur », rapporte Oriane Heuillet qui, se fondant sur les indications des modèles, avait entamé la protection au stade 3-4 feuilles étalées.
Pour Antonin Douillet, le directeur technique de DAC ADN, les choses sont simples. « Avec l’oïdium, le résultat est binaire : soit le nombre de spores captées est supérieur à 100, et il y a un risque épidémique certain et il faut traiter, soit il est inférieur à 100 et, dans ce cas, il faut rester vigilant, mais il n’est pas nécessaire de traiter, affirme-t-il. Le lien entre la captation de spores et l’apparition de symptômes est plus facile à établir que dans le cas du mildiou. »
Aline Mourgues, conseillère à la chambre d’agriculture de l’Hérault, fait le même constat. « Cette année, nous avons installé deux capteurs de spores d’oïdium. L’un sur une parcelle de merlot à Sérignan et l’autre sur une parcelle de grenache blanc à Roujan. Le 14 avril, le capteur de Roujan comptabilise deux spores. À cette date, les carignans du secteur commencent à exprimer des symptômes de type drapeau. Puis les captures cessent et les drapeaux ne progressent pas. Il faudra attendre le 15 mai pour capter 120 spores sur la parcelle de Roujan et la mi-juin pour trouver une tache tous les deux rangs et une baie atteinte tous les 10 pieds observés. »
Ici aussi, les captures indiquaient l’absence de risque épidémique en début de campagne puis la montée en puissance de la maladie avant l’apparition des premiers symptômes. À l’avenir, s’il se confirme que les captures de spores d’oïdium sont aussi simples à interpréter que l’affirme Antonin Douillet, elles deviendront un indicateur essentiel dans la lutte.
À en croire les relevés de la chambre d’agriculture de l’Hérault, la sporée de l’oïdium est très irrégulière. « Sur la parcelle de grenache blanc à Roujan, on a capturé 120 spores le 15 mai. Puis, 49 le 22 mai, 12 le 29 mai et 1 500 la première semaine de juin. Cette explosion a correspondu avec l’apparition de symptômes très épars sur les feuilles et les grappes. Elle est la conséquence de l’infection qui s’est produite mi-mai quand on a capturé 120 spores », rapporte Aline Mourgues, conseillère à la CA. « Ces variations de la sporée en dents de scie sont le reflet de plusieurs facteurs : les épisodes pluvieux qui lessivent les spores au sol, la canicule qui grille le mycélium et les traitements phyto. Dès lors que la protection est efficace, il y a nécessairement moins de spores dans l’air environnant. »