ous le soleil charentais, juste avant l’orage, nous retrouvons Philippe Martineau dans une de ses parcelles d’ugni blanc. Ce viticulteur gère deux domaines – le Chausset, à Thors, et la SCEA Brisson, à Matha – pour un total de 230 hectares. Autant dire qu’il sait ce qu’il attend d’un tracteur. Depuis quatre jours, il a en main un Deutz-Fahr 5115 DF Pro, le dernier-né de la gamme spécialisée de ce constructeur. « On l’a utilisé tous les jours pour passer disques et broyeur. En trois jours, il a fait 26 heures. » Et ses premières impressions ne manquent pas de précision.
Le vigneron salue la souplesse de la boîte et la vivacité du moteur FARMotion de 116ch. Enthousiaste, il confie : « Il y a un bon rayon de braquage, les vitesses sous charge passent bien. Le pont avant intelligent à roues indépendantes, c’est top en termes de confort. Ça rend ce tracteur bien plus agréable que mes autres machines ! » Nicolas Brault, chef produit SDF, précise : « Ce système de suspension permet d’absorber les secousses ».
Philippe Martineau apprécie également le plancher plat et la disposition des commandes, même si quelques détails l’interpellent. « Le frein à main est placé à gauche, pas loin du passage du chauffeur, ce n’est pas ce dont j’ai l’habitude, observe-t-il. Il faut aussi s’habituer à la signalétique des boutons sur le montant de cabine. Et la jauge d’huile noire sur noir, est difficile à repérer. Comme on contrôle tous les jours, cela peut devenir gênant. »
Par ailleurs, il souligne surtout la pertinence de la boîte semi-Powershift vis-à-vis de ses tractoristes. « J’ai des salariés qui ont le pied trop lourd sur l’accélérateur avec un vario. Je serai plus tranquille avec ce tracteur. » Côté hydraulique, il n’a pas encore exploité toutes les possibilités, mais la pompe load-sensing centre ouvert de 88 l/min, associée à des distributeurs électrohydrauliques indépendants, constitue un atout de ce modèle. Ainsi que sa capacité de relevage arrière qui atteint 3 940 kg.
S’agissant de la consommation, le réservoir de 83litres assure environ huit heures de travail. « On aimerait plus, mais vu le gabarit, c’est logique », concède le viticulteur. Et la largeur hors tout du 5115DF Pro est de 1,58 m pour cette versionF – descendant jusqu’à 1,16 m pour la versionV –, précise le chef de produit. De quoi se faufiler dans la majorité des interlignes.
Sur route, il juge le tracteur stable et apprécie la hauteur sous plafond. Il découvre même, grâce aux techniciens présents ce jour-là, que la vitre de toit est escamotable, on peut ainsi lever la tête pour surveiller un lève-palette. « Ah ! Vous avez bien fait de venir ! », leur adresse-t-il tout sourire.
Parmi les options qui font mouche : le SDD (double déplacement de direction), un système de direction rapide qui divise par deux le nombre de tours de volant nécessaires pour braquer, que Philippe Martineau enclenche systématiquement. « Pour les tournières courtes, c’est parfait. »
Son père, qui continue d’aider à la vigne, a lui aussi testé le tracteur : « Il m’a dit que ça lui allait très bien : simple, ergonomique et confortable. » Parole de sage !
Vient l’heure pour nous de prendre ce tracteur en main. Nicolas Brault et Théo Brosset nous présentent rapidement l’inverseur électrohydraulique modulable sur cinq niveaux, les trois gammes de transmission (rapide, travail, rampante), les leviers de vitesses et le pommeau pour accéder aux rapports sous charge. Ils nous expliquent l’écran tactile iMonitor qui centralise les réglages de la transmission, du moteur, du relevage, de la prise de force et de l’hydraulique. L’ensemble est régi par un code couleur : orange pour la transmission, vert pour le relevage, bleu pour l’hydraulique, jaune pour la prise de force et noir pour les stabilisateurs.
La mission du jour : attaquer un rang sur deux avec un outil à dents Actisol. Aux côtés de Philippe Martineau, nous nous accordons sur la profondeur de travail et le compromis entre contrôle d’effort et de position. En quelques gestes, nous réglons ces paramètres grâce aux potentiomètres correspondants.
Nous démarrons. Le silence dans la cabine est agréablement surprenant. Le plancher plat libère de l’espace, et le champ de vision est large. Un coup de gaz, et nous nous lançons dans la tournière afin d’aller taquiner le pont avant intelligent à roues indépendantes et l’Hydro Silent-Block (qui suspend la cabine). Pied léger, on monte à 12 km/h. Les rapports s’enchaînent sans heurt. Le moteur ronronne, sans hausse de ton. La conduite est souple et fluide. Ces deux systèmes absorbent les irrégularités du sol au point de les rendre presque imperceptibles.
Vient le moment de plonger dans le rang. Régime calé à 1 500tr/min, vitesse stabilisée à 9,3 km/h, mode quatre roues motrices enclenché afin d’assurer le grip. Pas de patinage, pas de secousse. L’outil ameubli, le tracteur reste droit ; ils avalent le sol sableux sans broncher.
En bout de rang, 7,5 m seulement de tournière pour manœuvrer. L’occasion parfaite de tester le SDD. L’effet est immédiat : un petit coup de volant ferme et précis, et déjà l’avant pivote. On fait attention à la haie avec la masse avant, mais pas besoin de jouer du bras vingt fois pour boucler la manœuvre, le tracteur pivote court, sans forcer. On le replace deux interrangs plus loin. Seul rappel des techniciens : « Il se coupe seul au-delà de 15 km/h, mais il vaut mieux penser à l’éteindre après le travail pour éviter les surprises ! »
Après quelques allers-retours, on se surprend à penser que même un saisonnier, peu familier de ces machines, pourrait vite trouver ses repères.
Avec un tarif de 128 350 € pour la « configuration préconisée », le SDF5115 DF Pro joue dans la cour du haut de gamme, mais l’argument d’une boîte plus intuitive que les transmissions à variation peut séduire des exploitants soucieux de confier leurs machines à des salariés peu expérimentés. Autre argument : ce modèle sort d’usine pré-équipé pour l’autoguidage, l’Isobus et l’iMonitor. Un tracteur moderne, prêt à intégrer une viticulture connectée.
Au top : les rétroviseurs d’angle placés sous les miroirs principaux offrent une visibilité accrue, notamment pour surveiller avec précision le travail au pied des souches ou lors des manœuvres serrées. Le bémol : Le tableau de bord rassemble de nombreux pictogrammes compacts. L’information est complète, mais leur taille et leur nombre compliquent la lecture lors des premières prises en main.