e Jura fait partie des derniers vignobles à poursuivre sa récolte 2025. “Les dates ont été vraiment étalées cette année. On a commencé très tôt, la semaine du 18 août pour les crémants. Et les derniers savagnins seront rentrés la semaine du 22 septembre”, témoigne Gaël Delorme, technicien de la Société de viticulture du Jura. En cause : “des températures basses en septembre, et des pluies très fréquentes. Nos rivières sont en crue !”
De 40 à 50 hl/ha selon les estimations
Côté rendements, les espoirs ont été revus à la baisse. “Après le gel de 2024, la vigne avait compensé par de grosses sorties au printemps 2025, et le potentiel était important. Mais la canicule d’août a stressé les baies, qui ont fait peu de jus.” Ce que confirme Yves Barbe, vigneron du domaine Les Monts Martin, sur 26 ha à Poligny (Jura). Il a commencé le 27 août et terminé le 16 septembre. “On attendait une grosse récolte et on va tourner autour des 50 hl/ha, car les raisins ont manqué d’eau. C’est bien, mais insuffisant dans un contexte de manque chronique de volumes. Parmi les huit dernières années, quatre ont été très faibles en volumes à cause d’aléas climatiques majeurs. Cette belle récolte 2025 ne suffira pas en termes de rentabilité”. D’autres exploitations évoquent des rendements moindres, aux alentours des 40 hl/ha. Dans un communiqué, le Comité Interprofessionnel des Vins du Jura estime à 106 000 hl la production 2025, soit +200 % par rapport à l'historiquement faible récolte 2024. En hausse de 38 % par rapport à la moyenne quinquennale (affectée par les gelées, grêles...), cette estimation 2025 resterait 10 % inférieure à la généreuse vendange 2018.
Degrés disparates mais belles acidités
Mais la qualité de cette matière première fait l’unanimité. “La vendange est saine”, se félicite Yves Barbe. “Malgré la pluie, le botrytis n’a pas posé de problèmes chez nous, et quasiment nulle part a priori, y compris en bio. Les jus se dégustent bien et les équilibres sont là.” Un constat partagé par Antoine Zbyrko, responsable du service œnologie au laboratoire départemental du Jura. “C’est très qualitatif, on a atteint la maturité phénolique. Et on conserve de très belles acidités malgré les chaleurs d’août. On atteint des taux de malique à 3 ou 4 grammes, pour des acidités totales à 4 ou 5. En rouge, les pH reste généralement en dessous de 3,4, ce qui est rare de nos jours.”
Le seul bémol vient parfois des degrés. “Ils sont très hétérogènes”, remarque l’oenologue. “Il a parfois été difficile d’atteindre les TAVP souhaités sur vins tranquilles, en particulier chez ceux qui ont vendangé tôt. Quand c’était possible, cela valait la peine d’attendre : les derniers chardonnays récoltés atteignent sans problème 12,5°”. D’ailleurs, “le vignoble avait demandé 1° de chaptalisation avant les vendanges, et a finalement obtenu 2° en cours de récolte. Mais dans les faits, rares sont les vinificateurs qui sont allés jusque là”.




