a récolte espagnole 2025 subit de plein fouet les effets conjugués des fortes chaleurs, de la sécheresse et du mildiou. Evaluée en juillet à un niveau supérieur à celle de l’an dernier (36,8 Mhl), la vendange est désormais ramenée à environ 34 Mhl par les coopératives agroalimentaires. « Les précipitations enregistrées à certains moments de la campagne ont apporté un soulagement et contribué à la récupération des vignobles durement touchés par la sécheresse les années précédentes », reconnaît Fernando Ezquerro, président sectoriel des coopératives. Mais le mois d’août, particulièrement éprouvant, a inversé la tendance dans de nombreuses régions.
Une qualité jugée "excellente"Dans les zones viticoles de Montilla-Moriles (Cordoue), Cadix et plusieurs secteurs de Castille-et-Léon, l’association des jeunes agriculteurs Asaja pointe la présence de mildiou ainsi qu’une vague de chaleur « avec plusieurs semaines où les températures ont été bien supérieures à la moyenne ». Selon José Ugarrio, technicien du secteur vitivinicole au sein de l’association, « les températures élevées persistantes le jour et la nuit ont provoqué un stress sévère sur les plantes et par conséquent la maturation des grappes n’a pas été aussi bonne qu’elle aurait pu l’être, ce qui se traduit par des pertes ». La qualité des raisins est toutefois jugée « excellente » par l’Asaja.
L’airén impacté dans la ManchaLes chaleurs intenses au début du mois d’août sont également citées par la DO La Mancha pour expliquer « une baisse significative de la production par rapport à l’année dernière ». Il s’agit notamment du cépage airén qui compte plus de 80 000 hectares et représente ainsi le cépage le plus cultivé au sein de la DO. « Tous les regards sont tournés vers ce cépage dans un contexte de revalorisation suite à l’essor des vins blancs frais, fruités et moins alcoolisés, en phase avec les nouvelles tendances du marché », note la DO dans un communiqué. Le ministère espagnol de l’Agriculture a même reconnu la "Journée mondiale de l’airén" qui sera célébrée le 30 novembre, date à laquelle les caves lancent leurs promotions de Noël.
Les viticulteurs dénoncent des prix "ridicules" dans la RiojaA contrario, les vins rouges tirent bien moins bien leur épingle du jeu. Dans l’aire d’appellation Rioja, des viticulteurs ont manifesté leur colère début septembre devant le siège du Grupo Rioja et de Bodegas Familiares à Logroño. Sur les pancartes : « Sans vignerons, pas de Rioja et sans prix justes, pas de vignerons ». Dénonçant des prix d’achat de raisins « ridicules » proposés par certaines bodegas, le syndicat Arag-Asaja a affirmé que malgré une production de raisins nettement inférieure à celle des années précédentes et des coûts deux fois plus élevés, « certaines caves à grand pouvoir d’achat offrent quelques centimes de plus aux viticulteurs, ce qui apportera sans doute le coup de grâce à un secteur qui a déjà accumulé six campagnes de pertes ». Cette année, pour tenir compte de la baisse des ventes, les producteurs ont réduit les rendements de manière significative et ont consenti « un engagement fort en faveur de la qualité grâce à des traitements contre les maladies ». Dans ce contexte, le syndicat déplore que « de nombreux viticulteurs envisageront d’abandonner leur production ; ils le font déjà ».
Les stocks de rouges et rosés régressent plus vite que les blancsPlus globalement, les données de fin de campagne font état d’un niveau national de stocks totalisant 30,6 millions d’hectolitres, soit 1,42% de moins qu’il y a un an et 13,18% de moins que la moyenne quinquennale. Selon les coopératives agroalimentaires, les stocks de vins rouges et rosés sont particulièrement bas, à 18,9 Mhl, en régression de 10,19% par rapport à l’an dernier et de 17,8 % comparés à la moyenne quinquennale.