ierre-Denis Tourette, des pépinières éponymes en Ardèche a constaté cette année dans des plantiers de deux ans des pertes de 20 à 30 % en début de campagne. « L’an passé ils étaient magnifiques car ils n’avaient pas manqué d’eau l’été. Mais par la suite le mildiou mosaïque s’est installé, car au moment des vendanges les vignerons n’ont pas eu le temps de les traiter. Ces plants ont donc eu une mise en réserve insuffisante et une partie d’entre eux n’ont pas repris en début de saison », explique-t-il. La mortalité a été particulièrement importante dans les plantiers de grenache, un cépage très sensible au mildiou.
Alors pour éviter que de tels accidents se reproduisent, il alerte ses clients sur l’importance de maintenir une protection cuprique même après vendanges sur les jeunes plantiers afin que ceux-ci ne soient pas défoliés et fassent une bonne mise en réserve. De même l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV Occitanie) a publié sur son site une fiche technique qui rappelle l’importance d’une bonne mise en réserve pour la reprise des plantiers.
Cette année un autre phénomène a impacté les plantiers : la canicule de début juin. Dans les plantations qui avaient été effectuées tardivement fin mai/début juin, dans le Midi, les températures extrêmes ont brûlé des plants sur le dessus. « La chaleur a cramé les bourgeons mais la partie souterraine était encore vivante. Dans les cas les plus touchés, le taux de reprise frôle les 0 %. Ces pertes ne sont pas liées à un défaut de plants, mais bien à un stress thermique exceptionnel, qui a frappé avant même que les jeunes plants aient pu se développer. Tous les plantiers qui n’avaient pas ou peu démarré avant la canicule sont touchés », déplore Pierre-Denis Tourette qui a invité ses clients concernés à engager des démarches collectives de reconnaissance en calamité agricole.
Le pépiniériste réinsiste donc sur la nécessité de planter tôt en février-mars et de préférence pas après le 15 avril. Même s’il reconnaît que les conditions météo ne permettent pas toujours aux vignerons d’y arriver. Mais qu’en est-il des risques de gel ? « Un jeune plantier qui gèle redémarrera facilement. Il y a toujours des contre bourgeons qui refont des pousses », assure le pépiniériste. Et si les conditions météo de février/mars ne sont pas favorables à la plantation ou que des contraintes administratives retardent le chantier, Pierre-Denis Tourette estime qu’il vaut mieux parfois retarder la plantation d'une année plutôt que de planter trop tard. Tout en reconnaissant que cela à un coût : 40 centimes/plant de frais de repiquage « parce que nous préférons les remettre en pépinière plutôt que de les garder en frigo, ainsi nous assurerons leur reprise l’année d’après », justifie-t-il.