rivés de véritables mécanismes de régulation, les viticulteurs californiens devront de nouveau faire des choix difficiles cette année. Ceux qui n’ont pas de contrats avec les wineries pourraient décider de laisser des raisins sur pied, comme en 2024. L’an dernier, jusqu’à 500 000 tonnes n’auraient pas été vendangées, la récolte devenant ainsi la plus petite en vingt ans. Si le même scénario se répète, la production 2025 pourrait avoisiner plutôt 2,5 millions de tonnes, voire moins. Et les indicateurs actuels ne rassurent guère : entre surstocks à tous les niveaux et une consommation toujours en berne, le moral n’est pas au beau fixe. « J’espère que nous avons touché le fond », confiait récemment l’analyste Jon Moramarco du cabinet Gomberg Fredrickson & Associates. « Mais l’espoir n’est pas une stratégie ».
Le choix difficile de l’arrachageLa filière californienne subit toujours les conséquences de la période du Covid, analyse le Dr Chris Bitter, spécialiste chez American AgCredit. L’augmentation de la demande pendant la pandémie avait fait grimper le prix des raisins, entraînant une vague de plantations de vignes en 2022 et 2023, malgré des appels à l’arrachage dès 2019 face à un marché déjà déséquilibré. Résultat : quelque 16 000 hectares de nouvelles plantations devraient entrer en production en 2025 et 2026, selon l’association de viticulteurs Allied Grape Growers. Un rythme qui ne devrait ralentir qu’en 2027 suite à une baisse des plantations dès 2024. Pour retrouver l’équilibre, l’association estime que la superficie du vignoble californien en production ne devrait pas dépasser 200 000 hectares. Certaines superficies ont été arrachées en 2023 et de nouveaux programmes sont prévus cette année mais la dynamique reste freinée par plusieurs facteurs. Le Dr Chris Bitter cite, en effet, les incertitudes quant aux possibilités et aux coûts de replantation à l’avenir, la rareté de solutions de revalorisation économique pour les terres et une pénurie de prestataires. Autre fait important : « La plupart des arrachages jusqu’à présent ont concerné des ceps âgés ou malades. Les vignes qui restent seront donc plus productives ».
Le surgreffage comme solution
La filière californienne mise aussi sur les arrachages effectués ailleurs pour lui apporter une bouffée d’oxygène. Pointant un marché mondial du vin en vrac plus tendu, le Dr Bitter note « un raffermissement des prix lié à de plus petites récoltes et à des arrachages dans plusieurs vignobles situés dans des pays producteurs clés comme l’Australie, le Chili et la France ». Certains viticulteurs californiens ont choisi une autre voie que l’arrachage : en surgreffant leurs vignes de variétés plus en vogue comme le sauvignon blanc, le pinot grigio et le chardonnay, ils parviennent à maintenir leurs vignobles en activité et à assurer un débouché commercial à leurs raisins.
Les Etats-Unis viticoles ne se limitent pas à la seule Californie. Poursuivant leur ascension, des Etats comme New York et l’Oregon prévoient une production de raisins (toutes utilisations confondues) en forte hausse cette année (+62% et +30% respectivement). A l’inverse, l’Etat de Washington s’attend actuellement à une baisse de 21% à sa production de raisins de cuve, selon les estimations du ministère de l’Agriculture. Globalement, derrière les prévisions, c’est bien l’ajustement des volumes vendangés aux besoins du marché qui décidera de l’ampleur du millésime 2025 aux Etats-Unis.