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Le vin AOC, tu l’aimes ou tu le quittes, mais "ça ne se subit pas, ça se gouverne"
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Tribune
Le vin AOC, tu l’aimes ou tu le quittes, mais "ça ne se subit pas, ça se gouverne"

Fêtant ses 90 ans, le vin AOC est temple vivant dont les bénéficiaires sont autant les gardiens que les critiques. Dernier exemple en date avec le château Lafleur, qui évoque un cadre trop contraignant pour permettre une adaptation au changement climatique. "Construire sa notoriété grâce à l’AOC et ensuite renier ce collectif ne permettra pas d’entraîner la filière dans les adaptations indispensables face aux défis climatiques" analyse dans cette tribune Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC).
Par Jérôme Bauer (tribune) Le 03 septembre 2025
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Le vin AOC, tu l’aimes ou tu le quittes, mais
Si « revendiquer une appellation est un choix », Jérôme Bauer rappelle que « ce cadre n’est pas imposé de l’extérieur : il est construit par les viticulteurs eux-mêmes, au sein de leurs organismes de défense et de gestion ». - crédit photo : CNAOC
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 En cette rentrée et depuis quelques années, on apprend ici et là que certains domaines prestigieux et d’autres plus modestes, quittent les contraintes de l’appellation pour la liberté offerte par les Vins Sans Indication Géographique. J’aimerais, en tant que président de la CNAOC et au nom des 366 AOC vin et eaux-de-vie de vin, rappeler un certain nombre de fondamentaux.

L’AOC, c’est avant tout une promesse de typicité : un vin qui exprime son terroir, son climat et le savoir-faire collectif. C’est cette identité, à la fois organoleptique et culturelle, qui fait la force et la reconnaissance de nos appellations dans le monde. C’est aussi ce qui les distingue de produits standardisés. La plupart des domaines les plus prestigieux de France continuent d’ailleurs à porter haut les couleurs de leur appellation.

Revendiquer une appellation est un choix. Oui, cela suppose de respecter un cahier des charges, contrôlé par les professionnels et par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), mais ces contraintes sont à la base de nombreux avantages : elles donnent des repères au consommateur, elles protègent des noms prestigieux contre les contrefaçons et l’identité de nos appellations/terroirs, et elles apportent une notoriété nationale et internationale. C’est pourquoi 95 % de la production viticole française reste aujourd’hui sous AOC ou IGP.

Alors bien sûr, sortir d’une appellation est aussi un choix. Mais lorsqu’on avance que le cadre de l’AOC serait un frein à l’innovation face au changement climatique, je veux rappeler plusieurs choses.

D’abord, ce cadre n’est pas imposé de l’extérieur : il est construit par les viticulteurs eux-mêmes, au sein de leurs organismes de défense et de gestion (ODG), et validé collectivement à l’INAO. Ce ne sont pas des "technocrates" à Bruxelles qui fixent les règles : ce sont les vignerons. Une appellation, ça ne se subit pas, ça se gouverne. Et ce cadre peut évoluer. Une tradition, au fond, n’est rien d’autre qu’une innovation qui a réussi.

Ensuite, les appellations savent évoluer. On ne cultive pas la vigne aujourd’hui comme on le faisait il y a 50 ans, et dans 20 ans ce sera encore différent. Regardez la Provence : qui irriguait il y a 25 ans ? Personne. Aujourd’hui, beaucoup le font. Mais en appellation, l’irrigation ne se fait pas n’importe comment : on le fait en préservant la qualité, la typicité et l’environnement.

Nous avons des outils puissants pour cela. Les Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation (VIFA), le Dispositif d’Évaluation des Innovations (DEI) : tout cela permet de tester de nouvelles pratiques, d’introduire ou de redécouvrir des cépages adaptés, de partager les résultats avec l’ensemble de la filière. C’est de l’intelligence collective au service de l’avenir.

Enfin, il ne faut pas oublier que quitter l’appellation, c’est aussi perdre l’accès aux codes qui font la force de notre identité : l’usage d’un nom géographique, la mention d’un cru, et même certains termes comme "château". On ne peut pas vouloir les avantages d’une appellation tout en s’en affranchissant.

Construire sa notoriété grâce à l’AOC et ensuite renier ce collectif ne permettra pas d’entraîner la filière dans les adaptations indispensables face aux défis climatiques. La diversité fait la force, et ensemble nous sommes plus forts. Pour cette raison, nous ne fermerons jamais la porte à ceux qui quittent les AOC. Ils seront toujours les bienvenus dans le collectif, le dialogue sera toujours ouvert de notre côté. J’irai même plus loin, nous avons besoin de ces forces vives pour évoluer, mais évoluer ensemble.  

L’AOC est un outil vivant, souple, en constante évolution. L’INAO, avec les professionnels, a su mettre en place des instruments modernes qui conjuguent identité et innovation. C’est cette combinaison qui assure la pertinence et la solidité du système pour l’avenir. »

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Tous les commentaires (3)
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Olivier Metzinger Le 04 septembre 2025 à 08:03:05
"Une AOC ça se pilote" (mais plutôt en eau trouble)... Lorsque vous évoquez les VIFA, sur le papier c'est formidable, mais en VRAI infaisable. Les surfaces maximum à l'exploitation empêchent de faire un pressoir ou une cuve, donc dans la réalité tu ne peux pas en planter sauf à avoir une très grosse exploitation pour que ton % autorisé ne soit pas une éprouvette. Qu'on limite les assemblages je veux bien, mais les surfaces par propriété c'est complètement nul et pourtant c'est ce que veut la doctrine aujourd'hui, englué dans un conservatisme mortifère. Vous en voulez d'autres des exemples je vais vous en trouver. Nous voulions faire des essais, l'INAO nous demande de "justifier du bien fondé d'essayer", ça veut tout dire, excusez moi mais c'est la mentalité qu'il faut revoir de A à Z, peut être n'en avez vous pas conscience. J'imagine que vos enfants vous ont fait un dossier pour justifier de l'utilité d'apprendre à marcher. Un vigneron du Cadillacais de Joseph Capus...
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Michel-Eric Président Le 03 septembre 2025 à 18:56:30
A Bordeaux, l'AOC vaut moins de 2 euros la bouteille, parfois même moins de 1,50 euros. Nous ne quittons pas l'AOC, parce que c'est l'AOC qui nous a déjà quittés depuis longtemps.
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Raffard jean Philippe Le 03 septembre 2025 à 15:53:42
On applaudit à deux mains le plaidoyer de Jérôme Bauer en faveur des Appellations d'Origine Contrôlées. Dans les constructions humaines- politiques au sens noble- il faut sans cesse redéfinir les fondamentaux, les principes et les objectifs, surtout lorsqu'il s'agit d'une aussi vénérable personne qu'est le vin AOC. Que les « petits jeunes » s'affranchissent des règles pour laisser libre cours à leur créativité vigneronne, c'est stimulant pour les AOC concernées. Beaucoup ont utilisé ce procédé pour gagner plus vite en notoriété, même s'ils sont obligés dans leur communication de dire d'où ils viennent. Et puis, les années passant, ils reviennent au bercail, souvent partiellement. Mais l'affaire Lafleur est d'une autre dimension. Pour ma part, je dirais qu'il s'agit d'une «énorme erreur», un peu comme la dissolution voulue par notre Président. Génération Vignerons
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