utorisé depuis août 2024 pour lutter contre la cicadelle de la flavescence dorée (FD), Lumière de Koppert a été utilisé dans de nombreuses parcelles cette année. Les vignerons bio sont très intéressés par ce nouveau moyen de lutte, une huile de paraffine qui asphyxie les insectes. « On cherche une alternative au Pyrévert car ce produit est photosensible et peu sélectif vis-à-vis de la faune auxiliaire », résume Laurent Monnet, directeur vignoble du Château Philippe le Hardi à Santenay, en Côte-d’Or.
Sur les 98 ha de ce domaine bio, 27 ha situés en côte chalonnaise sont soumis à la lutte obligatoire contre la flavescence dorée. C’est là que Laurent Monnet a mené des essais sur trois parcelles de 2 ha avec Agnès Boisson, conseillère viticole chez BIO Bourgogne-Franche-Comté, et Valentine Poissant alternante ingénieur agronome sur le domaine. « Il est important de faire des essais sur des grandes parcelles car on sait que le passage de microparcelles aux conditions réelles est compliqué avec les biocontrôles », détaille-t-il.
« L’objectif était de comparer Lumière au Pyrévert et de trouver son bon positionnement, poursuit Agnès Boisson. Pour le savoir, nous avons commencé à l’appliquer soit 14 jours, soit 21 jours [conformément à l’arrêté préfectoral, ndlr] après le début de l’éclosion des œufs. »
Pour assurer la protection de 24 à 28 jours imposée par l’arrêté de lutte obligatoire, Laurent Monnet a appliqué Lumière à trois reprises : les 26 mai, 2 et 10 juin dans l’essai 14 jours après éclosion et les 2, 10 et 17 juin dans l’essai 21 jours. Toutes ces applications ont été effectuées en fin de journée, avec ce seul produit à la dose de 15 l/ha et avec un pulvé en face par face. L’épamprage avait été réalisé avant ces passages.
« Pour l’heure, j’estime que le produit est efficace s’il est appliqué tôt, précise Laurent Monnet. Il aurait même fallu commencer une semaine plus tôt. » Une observation qui rejoint celles d’AgroBio Périgord pour qui Lumière est efficace surtout sur les très jeunes larves. « Lumière est un produit facile à utiliser qui n’a provoqué aucun bouchage, ajoute le vigneron. Je vais réitérer les essais l’an prochain. Il y a une grosse attente en bio sur ce produit. »
« On a diminué très nettement les populations de cicadelles avec Lumière, tout autant qu’avec Pyrévert », confirme Agnès Boisson, qui diffusera les résultats chiffrés de ses essais en fin d’année. La conseillère viticole précise qu’ils n’ont pas respecté la préconisation de Koppert de laisser un intervalle de sept jours entre une application de Lumière et celles de cuivre et de soufre. « Cela aurait impliqué d’appliquer le cuivre et le soufre à une cadence de quatorze jours, ce qui était infaisable étant donné la pression de mildiou que nous avions », justifie-t-elle. Chez Laurent Monnet, les essais ont été menés en appliquant le cuivre et le soufre les vendredis et Lumière les lundis suivants.
À Châteauneuf-du-Pape, Jérôme Cantaluppi, directeur du vignoble de Château Mont-Redon, est satisfait de Lumière qu’il a utilisé sur 60 des 230 ha que compte son domaine. « J’ai procédé à deux applications pendant la nuit, une vers le 2-3 juin et une autre sept jours après, à 15 l/ha et 400 g de cuivre, précise-t-il. Le seul défaut de Lumière, c’est qu’il est conditionné en bidon de 20 litres. Cela oblige à manipuler beaucoup de bidons qu’il faut ensuite stocker vides. Il faudrait avoir un conditionnement en grandes poches graduées que l’on puisse soulever avec un élévateur. »
Jerôme Cantaluppi utilise un aéro-convecteur. Il n’avait pas tout épampré lors de la pulvérisation, ce qui n’a pas modifié l’efficacité du produit. Son vignoble est en zone de lutte obligatoire contre la FD, mais il n’a jamais eu de plant positif à ce jour.
« Nous ferons le bilan après les vendanges, mais ce produit a l’air top, estime-t-il. Il faut vraiment que tous les vignerons prennent conscience de la gravité de cette maladie. Les atouts de Lumière vont peut-être favoriser la protection du vignoble bio. » Premiers bilans chiffrés de l’efficacité de ce nouveau produit cet automne !
Thierry Favier, responsable technique de développement vigne chez CAPL Provence-Languedoc « Lumière a été appliqué chez nos clients bio sur plus de 2 000 ha cette année. Les retours sont très bons. Ce produit est aussi efficace et revient à peu près au même coût à l’hectare – entre 60 et 70 €/ha – que le pyrèthre naturel dont les bios ne veulent plus car il n’est pas très sélectif vis-à-vis des auxiliaires. Quand on utilise Lumière, il faut veiller à ne pas faire appliquer de soufre huit jours avant et huit jours après. Il faut éviter de l’associer à un cuivre liquide. Dans les zones à deux traitements obligatoires, les vignerons bio ont appliqué deux Lumière à 15 l/ha dans une bouillie à 200 l/ha. Dans celles à trois traitements, ils ont appliqué deux Lumière et un pyrèthre. Ces traitements ont eu lieu essentiellement la nuit. Nous avons également de très bons retours sur l’efficacité de Lumière contre l’oïdium. Ce qui est intéressant car les vignerons ne veulent plus appliquer de soufre après le 15 juin à cause de ses risques de phytotoxicité. Le seul bémol est le conditionnement en bidon de 20 l. Cela serait bien d’avoir un conditionnement en 200 ou 300 litres. »


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