« Il s’agit d’un QR-code gravé à chaud au laser lors de la fabrication de la bouteille, explique Jean-Marie Bachelet, directeur des ventes France Est chez Saverglass, l’un des verriers qui propose cette solution. Ce code est unique, infalsifiable, inaltérable et propre à chaque bouteille. » Il s’agit en réalité d’un code à 24 chiffres enregistré grâce une sorte de QR-code composé de points issus du marquage laser et répartis aléatoirement sur un carré de 8 x 8 millimètres. Celui-ci est placé sur le col ou sur le bas fût du flacon, et qui est presque imperceptible à l’œil nu. Le verrier peut associer à ce code de nombreuses informations, à commencer par son nom, le modèle de la bouteille, la date et l’heure de sa fabrication ainsi que le numéro de lot. L’embouteilleur, qu’il soit vigneron ou négociant, peut par la suite lui associer également des informations. Celles-ci ne sont pas destinées aux consommateurs. Le code renvoie simplement à un numéro auquel des informations connues uniquement du domaine sont associées.
Le DataMatrix remplit une double fonction : c’est à la fois un outil de traçabilité et un moyen de lutter contre la contrefaçon. « Nos clients y enregistrent toutes les informations techniques nécessaires au suivi de leur vin », explique Cécile Grenet, directrice de la production chez Thierry Bergeon Embouteillage. Cela peut aller de la parcelle de vigne à la cuve d’origine du vin en passant par le nom de la cuvée, la marque du bouchon, le lot de filtration, les caractéristiques analytiques du vin, la date et l’heure de la mise en bouteille… En cas de problème sur un lot, le vigneron peut identifier toutes les bouteilles de ce lot et les rappeler. S’agissant de la lutte contre la contrefaçon : « Seuls les verriers disposent de la technologie de gravure du DataMatrix, complète Jean-Marie Bachelet. Si une bouteille dispose d’un code qui n’est pas renseigné, c’est qu’elle a été contrefaite. »
Aux vins bien valorisés car il fait grimper le prix des bouteilles de 15 à 30 %. D’autant plus que le producteur et l’embouteilleur doivent acquérir un lecteur et un logiciel pour encoder et exploiter les informations intégrées dans le DataMatrix. Avec ce lecteur, lors du tirage, on commence par vérifier que le code est bien lisible. « S’il n’est pas reconnu, le flacon est éjecté, précise Cécile Grenet. Une bouteille n’est remplie et bouchée que si le code est lisible. »
À Saint-Julien, dans le Médoc, le grand cru classé Léoville-Barton utilise cette solution combinée à une bandelette d’inviolabilité posée entre le goulot et la capsule de surbouchage pour parfaire la garantie d’authenticité. « Ces bandelettes comprennent un QR-code impossible à reproduire, lié au DataMatrix qui rend chaque bouteille unique et qui permet à l’acheteur de vérifier son authenticité tout simplement en le flashant car il dépasse de la capsule », indique François Brehant, le directeur technique du château. Les données encodées dans le DataMatrix ne sont activées qu’au moment de l’expédition des bouteilles. De quoi repérer celles qui auraient pu être volées dans les chais de la propriété. « Le DataMatrix nous permet de remonter à la cuve d’origine et aux clients d’une bouteille. Ce qui permet de circonscrire rapidement tout éventuel incident », résume François Brehant, indiquant que le surcoût « s’élève à quelques centimes par bouteille », sans préciser davantage. Un surcoût auquel s’ajoutent la solution logicielle et le lecteur du code.