u jamais vu. “J’ai parfois commencé la récolte autour du 25 ou 26 août, mais à cette date, jamais. Et encore, on aurait pu se lancer deux ou trois jours plus tôt”. A bientôt 61 ans, Laurent Ménestreau affiche quelques millésimes au compteur. La récolte s’annonçant précoce, le Domaine de l’Epinay, qu’il pilote avec son épouse Cécile et ses deux fils Quentin et Victor, s’était mis en ordre de marche pour vendanger vers le 25 août. “Prudemment, on est rentré de congés le 10 août pour finir de tout préparer”, sourit le vigneron établi en AOC Saumur sur le département de la Vienne. La zone saumuroise commence traditionnellement plus précocement ses vendanges que les voisins d’Anjou, mais à cette explication géographique, c’est l’encépagement de l’exploitation et la destination des raisins qui ont poussé la famille Ménestreau à lancer les opérations dès le lundi 18 août. Le temps de constituer rapidement une équipe d’une dizaine de vendangeurs dans un premier temps. “On n’a pas trop de difficultés à recruter. On avait tout calé fin juin, début juillet”, indique l’ancien président de la Fédération viticole de l’Anjou.
Sur les 60 ha de l’entreprise, 40 sont vendangés à la main pour produire du Crémant de Loire, dont 12 de chardonnay et 6 de pinot noir. Une partie file vers un négoce saumurois, l’autre entre au domaine pour la vente directe. “On a 4 semaines de vendanges manuelles à assurer ; le reste se fera à la machine. Au 15 août, les pinots affichaient déjà 11 avec un PH à 2,90 et les chardonnays frisaient les 12 avec un PH à 3,10. L’acidité a chuté vite lors de quelques journées très chaudes en août. Pour les vins à bulles, il faut nécessairement garder de la fraicheur. Il fallait donc commencer tôt”, relate Laurent Ménestreau. “Il faudra ensuite enchaîner avec le chenin et le grolleau avant de passer au cabernet franc”.
Côté volumes, le millésime 2025 ne va pas exploser les compteurs. “Sur le chardonnay, on tourne autour de 45 hl/ha ; mieux en pinot noir, à 65 environ”, indique le vigneron saumurois. Quant au cabernet franc, premier cépage sur le vignoble angevin, il s’annonce assez maigre. Les chenins ne feront pas de gros rendements non plus.
Ça tombe plutôt bien, à un moment où l’Anjou-Saumur connait un souci de surstock en rosés. Que ce soit en Cabernet d’Anjou ou en Rosé d’Anjou, les producteurs ont prudemment serré les boulons du rendement annuel, en le plaçant respectivement à 50 et 60 hl/ha, soit en dessous du rendement du cahier des charges. Même stratégie dans les appellations de bulles, qui sont pourtant beaucoup plus porteuses commercialement, en particulier le Crémant de Loire. Dans cette AOC, le rendement autorisé sera de 68 hl/ha au lieu des 74 du cahier des charges. En Saumur fines bulles, ce sera 60 au lieu de 67.
Seule certitude, le vignoble est très sain. Si la météo est clémente, le millésime sera très qualitatif.