Promo Carrefour

0,96 € le col d’AOC Bordeaux, cagnottage caricatural pour la filière

Avec un bordeaux à moins d’un euro/bouteille, les supermarchés Carrefour donnent dans l’inédit. Si ce n’est pas exactement la promotion que les opérateurs girondins comptent donner à leurs vins, ils sont obligés de s’en accommoder.
96 centimes d’euros la bouteille d’appellation Bordeaux, qui dit moins ? Repérée par Rayon Boissons*, la promotion réalisée ce 4 mars dans le réseau national des hypermarchés Carrefour est sans précédent. Référencées 4,80 euros/col, 150 000 bouteilles « Comte de Talem » ont été vendues avec une remise de 80 % sur la carte de fidélité des clients. Produisant cette marque, le négoce Bertrand Ravache précise dans un communiqué ne pas être responsable de ces prix cassés : « l'utilisation des budgets des enseignes ne sont pas du ressort des fournisseurs ».
A LIRE AUSSI
Une bouteille de Bordeaux en deçà de l’euro symbolique qui ne correspond pas vraiment au positionnement recherché par la filière. « Ces opérations ne sont pas bonnes pour la valeur des produits. Cela crée de la confusion » tonne Bernard Farges, le président du syndicat viticole de Bordeaux. « Ce massacre des prix est certainement un bon coup de pub pour l’enseigne, mais pas pour le produit… Même si aucun consommateur ne peut raisonnablement imaginer qu’il s’agit de son vrai prix. »
« Quand on voit une réduction à -80 %, ce n’est pas crédible » renchérit Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux. Soulignant que le prix de base est « raisonnable », le négociant se préoccupe d’avantage des mécanismes permettant à la grande surface de rogner ainsi sur son prix de vente. « La technique du cagnottage interpelle. Elle ne passe pas forcément par un bas prix du fournisseur, mais sur la prise de marge sur d’autres produits » regrette-t-il.
Ayant déjà perturbé le marché bordelais il y a quelques années, ces opérations sont légales, comme l’ont démontré de précédentes enquêtes des Fraudes. « Il ne s’agit pas de ventes à perte, mais du recours à des budgets marketing dédiés » explique Bernard Farges. Une mécanique qui laisse la filière bordelaise témoin de ces actions de promotion agressives, sapant son travail de promotion, bien inoffensive en regard.
* : Pas bégueule, Rayon Boissons précise qu’Intermarché conserve la palme du vin le moins cher en GD, avec 89 cts/col fin 2016.