vec un démarrage envisagé pour septembre-octobre 2021, l’année d’étude des terroirs de l’appellation Cadillac Côtes de Bordeaux doit passer au crible 27 900 hectares répartis sur 39 communes de Gironde. Investissant 50 000 euros dans cette opération réalisée par Bordeaux Sciences Agro, ASUP et Sol Conseil, le syndicat viticole fait le « choix de travail sur son terroir, ce qui n'avait pas été fait jusqu’à présent. Ce qui donnera des outils de communication au vignerons, d’amélioration des pratiques de production et de réduction de l’impact environnemental » explique Emma Baudry, la directrice de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG), qui s’appuie sur les résultats d’un sondage réalisé auprès de 139 vignerons des 155 de l’appellation.
Avec une aire d’appellation qui pourrait s’étendre sur 10 000 hectares de vignes, la revendication de seulement 1 000 ha en AOC Cadillac témoigne du besoin de relance. « On se rend compte qu’il y a un gros potentiel sous-estimé. On produit des vins d’une grande typicité et on veut le faire reconnaître » explique le vigneron Paul Gonfrier, en charge du dossier terroir au sein de l’ODG, qui veut redynamiser l’appellation en y faisant revenir d’anciens producteurs et en y amendant de nouveaux opérateurs.


Se définissant comme une cartographie « d’évaluation de la potentialité des sols et de protection des terroirs* », cette démarche doit permettre d’affiner « la bonne connaissance du milieu physique [ce qui] permettra d’améliorer la capacité des vignerons à valoriser leurs cuvées et montrer la qualité de leur appellation » explique Philippe Chéry, maître de conférences à l’école Bordeaux Science Agro. Avec la diversité des terroirs de 39 communes, l’enjeu est de « chercher l’adéquation entre les sols et le matériel végétal (cépage et porte-greffe), ainsi que les pratiques culturales (adaptation pour améliorer l’impact environnementale avec des fiches de conseil sont prévues en complément des cartes communales) » précise Paul Gonfrier.
S’inscrivant dans un objectif d’inscription des paysages viticoles de Cadillac à l’UNESCO, cette cartographie sera une nouvelle pierre à l’édifice indique Emma Baudry. Qui précise que ce travail sur les terroirs « aboutira sans doute à des réflexions » sur des dénominations complémentaires. « L’objectif final est que l’AOC soit attractive et exploite son potentiel de qualité. Notre stratégie est de profiter de la crise actuelle pour se donner les moyens d’agir et de motiver les troupes » conclut Paul Gonfrier.
* : Les enjeux de l’artificialisation et de la protection paysagère sont forts à Cadillac, avec « au nord un appellation très urbanisée, et une pression qui se fait ressentir au sud » rapporte Emma Baudry.