n place depuis le 18 octobre 2019, « la situation n’est pas tenable dans le contexte actuel. Nous souhaitons avoir une réponse de notre gouvernement pour mettre en place un fond de compensation » tonne Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, à l’issue d’une réunion exceptionnelle ce 23 septembre 2020. Par son biais, la filière vin « demande un rendez-vous urgent, ce début octobre, avec le ministre de l’Agriculture. Il y a urgence, avec un triste anniversaire : un an de droits de douane américains supplémentaires de 25 % imposés sur les vins tranquilles français » explique Jérôme Despey.
Lors de cette entrevue, la filière vin souhaite remettre le sujet d’un fonds de compensation sur la table des discussions*. Portée depuis janvier, cette proposition reposait alors sur un impact économique estimé à 300 millions d’euros. Il serait maintenant de 500 millions € d’après les estimations de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS). Si le coût financier de cette mesure de rétorsion aéronautique augmente, la lassitude de la filière explose les compteurs. Malgré les annonces rassurantes du président de la République en février dernier, « nous constatons qu’il n’y a rien sur la table de précis pour mettre en place un fonds de compensation » résume Jérôme Despey. Qui ne cache pas son exaspération à voir la France relancer toute la responsabilité du statu quo sur la Commission Européenne : « coûte que coûte, chaque Etat Membre doit prendre ses responsabilités pour les secteurs touchés. […] Nous sommes des dégâts collatéraux sur un sujet aéronautique, entre Boeing et Airbus, qui ne nous concerne pas. »
Demandant des réponses rapides, la filière française propose à son exécutif de mettre en place un dispositif d’aides directes aux entreprises exportatrices aux Etats-Unis touchées par la surtaxe de 25 %. Il s’agirait d’aider les opérateurs ayant enregistré des surcoûts (« pour accéder au marché il faut rogner sur ses prix ») et des pertes de parts de marché (« par rapport aux performances de pays non affectés par la surtaxe »).
Ce désir d’un fond de compensations par aides directes se heurte depuis des mois à la frilosité de l’exécutif. Où l’on estime désormais avoir suffisamment aidé le vignoble avec son plan sectoriel de crise du coronavirus (soit la distillation de crise et l’aide au stockage privé). « Pouvoir imaginer, comme on l’entend dans certains ministères, que la filière viticole a déjà bénéficié d’un dispositif de soutien, nous le réfutons. Nous faisons le distinguo entre la crise sanitaire et un conflit qui n’est pas le nôtre » rétorque Jérôme Despey. Pour le viticulteur héraultais, il s’agit de compléter les mesures conjoncturelles face au Covid-19 par des mesures répondant aux défis du marché américain. « Il n’y a pas solde de tout compte de la filière viticole pour les aides de crise sanitaire » conclut Jérôme Despey, notant que la colère gronde dans le vignoble (cliquer ici pour en savoir plus).
* : Doit également être évoquée la mise en place d'une exonération de charges sociales au profit du vignoble et la finalisation de l'aide au stockage privé (cliquer ici pour en savoir plus).