Onéreux
Un rapport pointe le coût de la sortie du glyphosate

Le rapport parlementaire sur la sortie du glyphosate pointe du doigt le coût de sortie du glyphosate, alerte sur l'absence d'une palette complète d'outils du travail du sol et souligne le manque de tractoristes qualifiés pour mener ces travaux délicats.
Ce mardi 12 novembre, la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale a examiné les conclusions de la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate.
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Que faut-il retenir ? Que la suppression du glyphosate se heurte à des difficultés techniques et sera d’un coût élevé pour les agriculteurs et les viticulteurs. En viticulture, l’alternative au glyphosate est le travail du sol. Mais comme le souligne le rapport « avant même de considérer le coût de [cette] transition, la viticulture française se heurterait à trois obstacles pratiques immédiats :
(…) non seulement il n’existe pas d’outil polyvalent, adapté à tous les terrains, tous les écartements entre les rangs, toutes les adventices à détruire, les couverts à gérer, les conditions climatiques, mais il n’existe pas encore non plus d’outil répondant à chaque besoin ; de toutes les façons, les équipementiers ne sauraient actuellement fournir tous ces matériels aux dires des exploitants rencontrés ; enfin, les tractoristes qualifiés indispensables à ces travaux délicats manqueraient singulièrement. Les exploitants se déclarent prêts à mieux les payer, voire à compléter leur formation, mais ils ne trouvent pas de candidats en nombre suffisant, à tel point qu’une partie de leur parc de matériel reste inutilisé (…) Pour ces trois raisons fondamentales, la plupart des exploitants rencontrés par la mission – pour certains très impliqués dans diverses démarches environnementales, participant activement au réseau des fermes DEPHY et expérimentant la viticulture biologique sur certaines de leurs parcelles – se disent obligés de continuer à utiliser le glyphosate. ».
A cela s’ajoute les surcoûts – de l’ordre de 210 €/ha en vignes larges et de 408 €/ha en vignes étroites - qui « s’ils peuvent être assumés par les producteurs de vins à haute valeur ajoutée, pèseraient excessivement sur la rentabilité des autres. Au vu de ces contraintes (…) les viticulteurs estiment qu’il leur faudrait au moins cinq ans voire dix ans pour abandonner le glyphosate ».
Les rapporteurs – Jean-Luc Fugit et Jean-Baptiste Moreau - estiment donc que la transition ne pourra pas se faire sans accompagnement financier, du moins dans les premiers temps.
Ils appellent également le gouvernement à clarifier rapidement quelles seront les cultures qui feront l’objet d’une dérogation pour continuer à utiliser du glyphosate en 2021. Selon eux, il serait "insconscient d'attendre le 31 décembre 2020" pour annoncer aux exploitants quelles seront les filières qui seront concernées par l'interdiction du glyphosate au 1er janvier 2021 et celles qui bénéficieront d'un sursis.