Point d'étape
L'accouchement difficile de la classification de l'offre oenotouristique

Un an après les Assises nationales de novembre 2018, Hervé Novelli, président du Conseil supérieur de l’oenotourisme, résume avancées et projets. La classification ou hiérarchisation de l’offre ne fait pas l’unanimité et les relations avec l’hôtellerie restent à étoffer.
Quatre ans et demi furent nécessaires pour débloquer la circulaire d’application des « vendanges touristiques », et que la MSA cesse de requalifier en travail illégal la participation payante de visiteurs à cette activité. Hervé Novelli, ancien secrétaire d'État chargé du tourisme sous Nicolas Sarkozy, s’affirme déterminé à lever les obstacles à l’oenotourisme : « Il faut avancer vite, car nos concurrents avancent ». Il s’enthousiasme : « Le vin est une clé d’entrée dans un territoire, un outil sur l’identité d’une culture. Les touristes ont soif aussi de connaissances. » Il fustige « l’excès de précaution, qui part d’un bon sentiment, mais peut se révéler prohibitif. » Du petit lait pour les vignerons.
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Parmi la feuille de route des Assises, La Fédération nationale des labels vignobles et découvertes régionaux a été vite créée. En revanche, la classification de l’offre est « un sujet sensible » selon le ministre, dans une profession déjà hiérarchisée en appellations, crus classés… Bien sûr, on doit informer le public si la prestation est une simple dégustation ou une vinothérapie avec ateliers du goût. En ce qui concerne la qualité ressentie, des avis TripAdvisor et Google seront certainement émis, mais ne devront pas fournir les seules descriptions.
Selon Christophe Chevré, responsable administratif aux Vignerons de France, « 90 % de nos vignerons proposent des dégustations, 70 % des visites techniques, 25 % une activité oenotouristique,15 % des activités liées aux chantiers de la vigne, par exemple participer à la vendange et déjeuner pour 40 €. Il y a des pépites : visite sur le thème de la biodiversité, balade en gyropode, en voilier sur la Loire ou près des vignes du Roussillon, pétanque charcuterie rosé en Ardèche, que les trentenaires adorent ! » Difficile de rentrer ces activités dans des cases, encore plus de résumer d’une note la prestation. « On est critiques sur la hiérarchisation. On ne voudrait pas qu’un domaine comme celui de Gattaz ait une meilleure note qu’un vigneron qui propose seulement la vendange, mais avec le côté humain », poursuit Christophe Chevré. Inversement, si le critère « ouvert le dimanche » entre en ligne de compte, certains châteaux prestigieux fermés ce jour-là risquent de se détourner de la classification qui ne leur donnera pas une excellente note. Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde, demande « si la notation tiendra compte des attentes environnementales, HVE et bio ».
Le 25 novembre 2019 à Tours, lors des assises régionales de l’oenotourisme, un accord sera signé avec Jean-Virgile Crance, président du GNC (Groupement national des chaînes hôtelières) afin que leurs adhérents proposent des prestations oenotouristiques. « Nous représentons 3 000 hôtels, de 1 à 5 étoiles » Le cadre reste assez libre : « Il n’y a pas de business model, juste la volonté de travailler ensemble ». Car aujourd’hui, les hôteliers doivent aussi offrir des expériences liées au territoire, des tours viticoles, des dégustations… Et le vigneron devra prospecter ces hôteliers-prescripteurs pour annoncer ses prestations et ses événements, comme il fait le tour des cavistes. Hervé Novelli cite une action du Conseil supérieur : « On a réalisé une cartographie des implantations hôtelières et des labels vignobles et découvertes. »
Les autres projets des Assises s’avèrent moins avancés. La chaire d’oenotourisme sous l’égide de la Sorbonne est au stade des réunions et Hervé Novelli reconnaît que les statistiques nationales sont insuffisantes, alors qu’elles existent au niveau régional. À suivre...
Le Conseil supérieur de l’oenotourisme fut créé en 2009 par Hervé Novelli sous l’égide d’Atout France. Il réunit 70 destinations et 5 000 adhérents. Chaque année, 10 millions de touristes visitent la France des vignobles, dont 4,2 M étrangers, pour une dépense globale de 5,2 Mds €.