Elections européennes
Le SGV initie les candidats à la question des autorisations de plantation

A quelques semaines des élections européennes, le Syndicat général des vignerons de la Champagne se lance dans une opération politique d’envergure : faire connaître aux candidats aux élections européennes, l’enjeu des autorisations de plantation dans le cadre de l’agrandissement de son aire.
Dans les textes européens actuels, le système des autorisations de plantation doit être évalué en 2024 et est prévu pour durer jusqu’en 2030. 2030 : la date fait trembler plus d’un responsable professionnel viticole qui voit se rapprocher une échéance signant la libéralisation de plantations. Face à cette éventualité, la mobilisation politique a permis d’obtenir que les premiers textes européens concernant la réforme de la PAC, abrogent cette date pour la décaler en 2050. Mais, ce pas en avant, ne doit pas être surestimé au vu des échéances législatives européennes. 2019 : c’est un nouveau parlement et une nouvelle Commission européenne. De quoi fragiliser cette première avancée qui pourrait être remise en cause par les nouveaux députés ou la nouvelle Commission.
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Préférant prévenir que guérir, le Syndicat général de la Champagne (mais aussi d’autres organisations syndicales) a décidé de prendre le taureau par les cornes et de sensibiliser les candidats aux élections européennes au système des autorisations de plantation (les parlementaires français sont aussi concernés par la démarche). La prolongation en 2050 du système des autorisations de plantation est enjeu particulièrement important pour le vignoble français. Il est encore davantage pour la Champagne.
Elle a en effet engagé en 2003 un projet d’agrandissement de l’aire. L’avis de l’Inao est attendu pour l’année prochaine, ce qui ne signera pas l’aboutissement du projet. De multiples étapes attendent encore les champenois comme la consultation publique, les réclamations individuelles, l’avis de l’ODG, la PNO, la validation du cahier des charges et, enfin, l’instruction du dossier par la Commission européenne.
Bref, le terme de la procédure champenoise pourrait bien aboutir 2024. Or, si les autorsiations de plantation sont remises en question, la nouvelle aire pourrait jouer comme un véritable effet d’aubaine… de quoi déstabiliser l’économie champenoise quelques années plus tard. « Ce serait un véritable choc économique ! » s’alarme Pascal Bobillier-Monnot, directeur adjoint du SGV. « C’est pour cela que nous avons décidé de prendre à témoin les politiques sur la nécessité de prévenir de ce danger ! » D’autant que, vu la situation économique que traverse la Champagne avec un recul des ses ventes françaises, certains s’interrogent sur la nécessité d’agrandir l’aire. Et Jean-Marie Barillère, co-président du Comité Champagne d’indiquer sur Prowein le 17 mars : « Aujourd’hui, il n’y a pas intérêt à se poser la question s’il faut augmenter ou non la production de Champagne ». Mais pour, Maxime Toubart, président du SGV, les choses sont beaucoup plus claires. "Face au risque de surproduction qui pourrait déstabiliser les AOC et des régions entières, nous pourrions faire le choix de suspendre les travaux de délimitation en cours. Les appellations seraient alors figées et les perespectives de développement bloquées" explique-t-il par communiqué. Et de marteler : "L'outil de régulation est indispensable car il permet de gérer la croissance du vignoble en lien avec le développement des marchés, de maintenir une production de qualité et un tissu d'exploitations viticoles viables et qui permet l'installation de jeunes. Il est nécessaire de pérenniser cet outil de régulation qui ne coûte rien aux Etats Membres".