Réactions en chêne
Connaissez-vous les crus forestiers pour les vins et spiritueux ?

Défendant le concept de « terroir forestier », un beau livre relie toutes les étapes de production d’une barrique propice à l’élevage.
« Si le raisin, dont le cycle réduit à 100 jours entre la fleur et la vendange, est le produit d’un terroir, le chêne, qui vit plus de 100 ans, est tout autant, sinon plu, le fruit de son terroir » pose le livre le Chêne en majesté, de la forêt au vin, écrit par le sylviculteur Sylvain Charlois (à la tête du groupe Charlois, premier exploitant de chênes en France) et le journaliste Thierry Dussard (free-lance pour Vigneron, Le Télégramme…). Publié aux éditions Flammarion (49 euros pour 208 pages), cet ouvrage luxueux défend l’idée de terroirs forestiers. Définis par une pédologie, une climatologie, un type de matériel végétal (chênes blanc, liège, pédonculé, sessile…) et même des densités de plantation.
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Tirant le parallèle entre l’élaboration des vins et des barriques, les auteurs soulignent que « moins digeste, une barrique se déguste comme un vin, et un tonnelier se teste comme on évalue un vigneron. » Estimant que la provenance d’un bois fait sa différence, en élégance ou en puissance, Sylvain Charlois et Thierry Dussard ont fait une liste amoureuse des 21 forêts de chêne de France (voir ci-dessous). De la célèbre forêt de Tronçais (55 à 60 000 mètres cubes de bois récoltés par an, pour 6 millions d’euros de ventes en 2017) à la plus confidentielle forêt de Saint-Palais (10 500 m3/an), l’ouvrage détaille l’histoire royale de la forêt de Fontainebleau comme les muguets qui marque l’ancienneté de la forêt de Châteauroux.
Une véritable ode au bois de chêne et aux fruits de la vigne, comme le Chant d’Amour d'Alphonse de Lamartine, opportunément cité par le livre : « entourant de ses plis deux chênes qu’elle embrasse, une vigne sauvage à leurs rameaux s’enlace ».
Marquant le cinq-centième anniversaire d’une ordonnance de François premier protégeant les bois de France, le Chêne en majesté souligne que seule une politique forestière au long cours a permis à la France de devenir le premier producteur mondial de chêne à grain fin. L’an prochain, on pourra fêter les 350 ans de la réforme de l’abattage des arbres de Colbert.