Recrutement
« Pour en avoir 10 saisonniers, j’en embauche 15 »

Confronté, comme ses collègues ligériens, à une pénurie de main d’œuvre, ce vigneron saumurois recherche encore des saisonniers pour les travaux de printemps.
« J’ai besoin de 10 personnes. J’en compte 6 aujourd’hui ». D’une phrase, Bruno Bersan résume son problème du moment. Ce vigneron saumurois (12 ha à Souzay-Champigny) a poussé un coup de gueule sur facebook il y a quelques jours, s’indignant du décalage entre le chômage massif en France et la difficulté à recruter des saisonniers pour les ébourgeonnages et le palissage. Et, il n’est pas le seul – loin s’en faut – dans le vignoble d’Anjou-Saumur.
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« J’ai quelques fidèles entre la taille et les travaux de printemps, mais pour le reste, j’ai fait appel à un groupement d’employeurs, sans succès ; puis à une agence d’intérimaire, qui m’a trouvé une personne. Je ne parle pas de Pôle emploi… Et c’est sans compter sur les abandons. Pour avoir l’équivalent de 10 personnes à travailler, il faut en embaucher 15. En ce moment, tout cela occupe les deux tiers de l’emploi du temps de ma femme », détaille le vigneron, qui au-delà de son domaine, assure l’entretien d’une centaine d’hectares dans des exploitations voisines via sa société de prestations de services. A ce rythme, les travaux vont se poursuivre jusqu’à fin juillet.
« Sur cette activité, je me retrouve en concurrence avec des entreprises étrangères. Depuis quelques années, on avait des propositions de mise à disposition de main d’œuvre roumaine ou polonaise. Cette année, il y a des Marocains et des Kenyans », souligne Bruno Bersan. « Je ne suis pas du tout compétitif. Ils ont des charges bien inférieures aux miennes ».
Au-delà du constat du moment, dans une saison particulièrement dense, le vigneron souhaite une implication de la filière sur ce sujet. « On est nombreux cette année à rechercher du monde. On doit donc réfléchir ensemble à ce problème de main d’œuvre. Au sein de la viticulture, parce qu’on n’a pas fait le travail nécessaire pour promouvoir nos métiers ; puis, avec les politiques pour adapter la politique sociale. Ça me fait toujours bizarre de voir des demandeurs d’emploi inoccupés dans ma commune alors qu’on est plusieurs vignerons à rechercher de la main d’œuvre ».