Désherbage du vignoble
L'INRA promet une sortie difficile et coûteuse du glyphosate

Le 30 novembre, l’Inra a remis son rapport sur le glyphosate au gouvernement. Celui-ci dresse un état des lieux de l’utilisation de la matière active, des alternatives possibles et des mesures d’accompagnement qui faciliteraient la transition vers des itinéraires sans glyphosate.
La viticulture peut-elle se passer du glyphosate d’ici trois ans ? Ce n’est pas en lisant le rapport de l’Inra que vous aurez la réponse à cette question... Celui-ci dresse en effet uniquement un état des lieux de l’utilisation de la matière active selon les cultures, ainsi que des alternatives possibles, avec leurs incidences économiques et organisationnelles. « La question de l’échéance ne faisait pas partie de la saisine que le gouvernement nous a transmise. En plus au moment où ce rapport nous a été commandé (le 2 novembre, ndlr) nous ne savions pas quelle décision allait prendre l’Europe, ni quelle serait la position de la France », justifie Christian Huyghe, le directeur scientifique agriculture de l’Inra. De plus comme il le souligne la viticulture est très diverse. Selon que l’on soit dans un vignoble de plaine ou de coteau, dans une région méridionale ou septentrionale, que l’on valorise très bien les vins ou pas, les capacités d’adaptation ne seront pas les mêmes.
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Pour ce qui est des alternatives, aucune surprise dans le rapport. « Dès le départ on a écarté l’idée d’explorer les molécules qui pourraient faire le même job que le glyphosate. Pour nous, ce n’est pas une option. Si on met en avant une autre molécule, le risque est que les professionnels se reportent sur elle. Et pour être clair, il n’y a pas d’équivalent au glyphosate » insiste Christian Huyghe. L’Inra a toutefois fait ce travail pour les adventices vivaces qui ne seraient pas contrôlées par les techniques alternatives durant la phase de transition.
En viticulture les alternatives au glyphosate sont connues. Sous le rang de vigne : il s’agit principalement du désherbage mécanique. L’Inra met toutefois en exergue une impasse technique pour les vignes situées dans des coteaux à forte pente, ou dans des sols très caillouteux. « Nous n’avons pas chiffré ces surfaces, mais elles ne sont pas gigantesques » tempère Christian Huygue.
Une chose est sûre pour le directeur scientifique de l’Inra : la transition sera difficile et engendrera un surcoût économique « que nous n’avons pas chiffré ». Il nécessitera de repenser les systèmes de production mais aussi la communication auprès des consommateurs. « Pourquoi ne pas mettre « sans glyphosate » sur les étiquettes pendant la période de transition » suggère-t-il.
L’Inra a remis son rapport le jeudi 30 novembre au soir aux ministres de l’agriculture, de la transition écologique, des solidarités et de la santé, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il servira à établir la feuille de route du gouvernement pour une agriculture moins dépendante des pesticides dont le glyphosate. Cette feuille de route devrait être présentée lors du discours du premier ministre le 21 décembre, au moment de la clôture des Etats Généraux de l’Alimentation.
À suivre...