Cavalier seul
Sauternes tourne le dos aux Sweet Bordeaux

La plateforme de promotion collective des liquoreux bordelais ne convainc plus à Sauternes et Barsac, où l’on souhaite reprendre sa promotion en main, dès 2018.
Vertement critiquée par le rapport de Georges-Pierre Malpel, l’initiative Sweet Bordeaux, lancée par l’Union des Grands Vins Liquoreux de Bordeaux en 2009 pour promouvoir d’une voix ses dix appellations*, est désormais abandonnée par Sauternes. « La notion de Sweet Bordeaux est contre-productive » pose sans ambages Xavier Planty, le président du syndicat viticole de Sauternes et Barsac, qui fait son « mea culpa. À l’origine nous pensions que le concept serait fédérateur. Mais il nous enferme dans de mauvaises tranches de prix. »
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Ruant dans les brancards, Xavier Planty s’appuie sur les votes de son conseil d’administration et de son assemblée générale, qui ont validé cet été le départ de Sauternes des Sweet Bordeaux. Si tout se passe selon les plans du syndicat viticole, l’émancipation promotionnelle sera effective dès 2018. « Ce n’est pas encore tout à fait accompli ! Que Xavier Planty ne prenne pas ses envies pour des faits » s’insurge Philippe Dejean, l’ancien président de l’Union des Grands Vins Liquoreux de Bordeaux, qui a cédé son fauteuil fin juin dernier à… Xavier Planty. « C’était l’avenir de nos liquoreux, de jouer une partition commune basée sur la complémentarité des profils » regrette le vigneron, désormais retraité**.
Pour Xavier Planty, le départ de Sweet Bordeaux se place dans la continuité d’une étude marketing estimant que le marché des Sauternes était dissocié des autres liquoreux. « Nous ne parlons pas le même langage. Mon AOC ce n’est pas un anglicisme, je veux voir Sauternes sur les banderoles des fêtes du vin » lance-t-il, comptant tracer une nouvelle ambition pour son appellation liquoreuse. Les débats sur le plan Ambition 2025 du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux semblent faits pour.
* : Dix appellations sont réunies par ce groupe organique : Barsac, Bordeaux Supérieur, Cadillac, Cérons, Côtes-de-Bordeaux Saint-Macaire, Graves supérieures, Loupiac, Premières Côtes de Bordeaux, Sainte-Croix-du-Mont et Sauternes. À l’origine, Sainte-Foy en faisait également partie (mais l’a quitté, devenant depuis Côtes-de-Bordeaux Sainte-Foy).
** : Philippe Dejean vient de prendre sa retraite, son fils Thomas gérant depuis 2010 le château Rabaud-Promis (premier cru classé de Sauternes en 1855).
N'ayant pu être disponible pour la réalisation de cet article, Emma Baudry, la directrice de l'Union des Grands Vins Liquoreux de Bordeaux, précise que « la campagne des Sweet Bordeaux est remise en cause depuis 2016, avec le travail d'une agence dédiée, qui a présenté une nouvelle stratégie en mars dernier. L'ensemble des appellations a la volonté de changer. » Pour valider une nouvelle orientation de communication, collective ou non, deux études sont actuellement menées par l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin sur les consommations et le profil des vins liquoreux de Bordeaux. Les résultats sont attendus pour la fin 2018, entre temps, « nous communiquons sur chaque appellation. Sweet Bordeaux n'est plus que la signature. »