éposée et acceptée ce 17 novembre par le tribunal de commerce de Libourne (Gironde), la demande de mise sous sauvegarde de l’entreprise Vitirover (1 million € de chiffre d’affaires en 2025) doit permettre à la start-up lancée en 2009 dans les vignes de Saint-Émilion de retrouver de l’air pour avoir le temps d’augmenter son capital et poursuivre le développement de son "robot tondeur professionnel autonome solaire 4x4 connecté" (8 000 € à la vente, pour une location de 2 000 €/ha et une prestation de 3 000 €/ha). Ce placement en redressement est un simple acte de gestion pour Arnaud de la Fouchardière, le président fondateur de Vitirover. « L’avantage de la sauvegarde est de geler un certain nombre de dettes. L’inconvénient, c’est que cela se sait » note l’entrepreneur, mi-figue mi-raisin.
Ouverte pour 6 mois renouvelable, cette procédure de sauvegarde doit être courte pour Arnaud de la Fouchardière alors que sa start-up vient de lancer une levée de fonds de 4 millions € sur 2 mois. « C’est la première fois qu’on lèverait autant, on a dû dépenser 6 millions € depuis 15 ans » pointe Arnaud de la Fouchardière, indiquant que l’entreprise a jusqu’ici fabriqué 200 robots de tonte et vise la fabrication et la commercialisation de 300 nouveaux Vitirovers l’an prochain. De quoi éponger et faire oublier les 350 000 € de dettes apparus en 2025 avec un blocage de TVA lors d’un contrôle fiscal, un crédit d’impôt recherche qui n’a pas été versé et des retards de paiements de clients.
Conservant l’objectif de devenir l’un des leaders mondiaux de l’entretien de la végétation (dans le vignoble qui est son marché historique, mais aussi dans les vergers, les fermes photovoltaïques, les réseaux ferroviaires…), Vitirover affronte un contexte économique particulièrement difficile, dans la filière viticole en particulier, mais aussi dans le secteur industriel en général. En témoigne Naïo, passé en redressement. « Il y a un avenir pour la robotique et l’Intelligence Artificielle (IA), il faut tenir sur la durée, c’est notre combat » se projette Arnaud de la Fouchardière, qui relève trois défis : « nous proposons une innovation de rupture dans un marché conventionnel (ce n’est pas facile de remplacer de gros tracteurs par une flotte de petites machines), nous avons besoin de temps long (minimum 15 ans) et nous n’avons jamais eu besoin de beaucoup d’argent (on a cherché à faire les choses de manière frugale et minimaliste). » Une difficulté plus technique, et prosaïque, étant donné que « par rapport aux autres robots viticoles qui sont de grosses machines ou chenillards, nous avons la rare machine du marché à pouvoir aller travailler sous le rang, mais qui se prend dans la figure les évolutions du terrain qui créent des difficultés ». Comme la tournière apparue après le passage d’un tracteur. Ou un gros revers de trésorerie.

Pour ses fondateurs, Vitirover n'est pas à la croisée des chemins, mais sur la voie d'accélération. Photo : Vitirover.




