On a toujours vu l’œnotourisme par le prisme du tourisme. Il est plus que temps de le reconnaitre comme une activité constituant le prolongement de l’acte de production et de l’inscrire dans la loi » estime la députée Pascale Got (Gironde, Parti Socialiste), qui a déposé le 14 octobre dernier un projet de loi "pour une reconnaissance stratégique et un développement simplifié de l’œnotourisme". Face à la rigidité des règles d’urbanisme, à l’absence d’une définition claire, au manque de données fiables sur le sujet, la députée du Médoc propose que soit mis en place un cadre juridique, comme l’a fait l’Italie en 2017, qui a reconnu l’œnotourisme comme une activité agricole complémentaire, englobant des prestations d’accueil, de dégustation, de valorisation culturelle liées au vin, de transmission des savoir-faire.
Outre cette reconnaissance juridique, la loi prévoit des mesures de simplification des règles d’urbanisme, avec une dérogation temporaire (5 ans maximum) au code de l’urbanisme. « Cela permettrait aux maires d’autoriser des aménagements tels que gites, chambres d’hôtes immédiatement sans avoir à attendre le prochain Plan Local d’Urbanisme (PLU) » indique la députée. Enfin, un baromètre annuel de l’œnotourisme permettrait de collecter des données fiables à partir des flux de visiteurs, et d’analyser les retombées économiques. Une soixantaine de députés a co-signé le projet de loi. Reste à l’inscrire dans une niche transpartisane.
Une proposition de loi que Florence Cardoso, propriétaire de château Haut Beynat avec son époux, (8 hectares en AOC Castillon Côtes de Bordeaux), voit d’un bon œil : « avoir un cadre un cadre juridique qui permette de considérer l’œnotourisme comme le prolongement de notre production, est souhaitable ». Et donner pour exemple, les dégustations, assortis d’une balade à vélo autour d’un parcours qui traverse le vignoble. « Je ne peux pas le déclarer en activité agricole, mais en bénéfice industriel et commercial » souligne telle. Aujourd’hui les ventes directes générées par l’œnotourisme représentent 80 % du chiffre d’affaires. Florence Cardoso ne lésine pas : 6 emplacements d’accueil de camping-car, 6 chambre d’hôtes, des soirées thématiques… Le 29 novembre prochain, ce sera soirée raclette avec dégustation des vins du château. 40 personnes se sont inscrites.
A saint André de Cubzac, Florence Prud’Homme, à la tête du château Saincrit, 10 ha, AOC Bordeaux et BX Sup, 60 000 cols, est partagée : « chercher à renforcer l’œnotourisme, c’est nécessaire. Mais une nouvelle législation peut induire de nouvelles contraintes et des normes, peu accessibles aux petites propriétés » lâche-t-elle. Château Saincrit accueille un millier de personnes par an et réalise 5 % des ventes avec l’œnotourisme.



